D comme Doutes : la maison BOUARD

Pour ce ChallengeAZ 2023, je retrace l’histoire des maisons du village où j’ai grandi : Marigny, commune de Montreuillon dans la Nièvre.

La maison BOUARD, comme je l’appellerai par la suite, fait partie de celles pour lesquelles j’ai des Doutes, comme vous le verrez plus tard.

La maison BOUARD – Collection personnelle

Pierre LABORDE

La maison faisait à l’origine partie des biens de Pierre LABORDE, époux de Jeanne MEGROT, tout comme les maison de la Jeanne (lettre J) et MAUCOURANT (lettre C). Pierre et Jeanne vivent à Jeaux, commune de Mhère. Pierre partira par la suite vivre à Lormes.

Veuf, Pierre LABORDE fait donation de ses biens à ses enfants et petits-enfants le 8 juin 1817, à savoir Françoise Pierrette BAIN fille de défunte Françoise, Guillaume, Claude, et Jeanne épouse PERRAU :

« Un corps de bien situé à Marigny finage de la commune de Montreuillon, composé de batiments d’habitation et d’exploitation, jardins, cour et aisances, ouches, prés, terres et bois, eaux et cours d’eaux.« 

Claude LABORDE, propriétaire à Château-Chinon, et Philibert BOULANDET, propriétaire à Oussy, vont procéder à un échange le 17 août 1825. Ce dernier va alors venir s’installer à Marigny.

Philibert BOULANDET

Lors de la mise en place du cadastre en 1839, la maison et le bâtiment attenant appartenaient à Philibert BOULANDET :

Philibert BOULANDET est né le 26 mars 1788 à Vannes, commune de Vauclaix. Il a épousé Elisabeth CHAPUIS, de Planvoy, le 4 mai 1813 à Lormes. Le couple s’installe d’abord à Oussy, où naissent leurs deux premiers enfants : Marguerite en 1814 et Anne en 1817. Ils arrivent à Marigny entre 1817 et 1824, où naît le petit dernier, Jean, en 1824. Ils deviennent propriétaires de la maison en 1825. Elisabeth CHAPUIS y décède le 6 décembre 1831 à l’âge de 37 ans seulement.

Philibert BOULANDET épouse en deuxièmes noces Marie PREGERMAIN, veuve d’Antoine PORTIER, le 5 septembre 1836.

Le lendemain, Anne, la cadette, épouse Jean PORTIER, le fils de sa nouvelle belle-mère ! Une petite fille prénommée Reine naît à Marigny en 1837. Malheureusement Anne décède le 26 octobre 1841 à l’âge de 24 ans. Jean PORTIER se remarie avec Françoise COPPIN de Vaupranges le 13 juin 1843 à Mhère. Un fils, Philibert, naît le 2 mai 1847 à Marigny. La famille habite toujours à Marigny lorsque Reine se marie le 22 novembre 1852 à Montreuillon avec Philippe TARTERAT. Ils iront par la suite s’installer au bourg de Montreuillon.

Marie PREGERMAIN, la seconde épouse de Philibert BOULANDET, décède le 18 mars 1848 à 60 ans environ.

Jean BOULANDET

Jean, le petit dernier, épouse Marie FEBVRE le 19 septembre 1848 à Mhère. Cette dernière vit à Enfert et est née le 16 avril 1832. Le couple s’installe à Marigny où ils auront cinq filles, dont aucune ne restera dans la maison familiale :

  • Marguerite en 1850, qui épousera Jean Louis LEGRAIN avec qui elle ira vivre à l’Huis Morot ;
  • Antoinette en 1853, qui s’installera au bourg de Montreuillon avec Pierre FONTAINE ;
  • Marguerite Solange en 1856, qui épousera René GUENARD et ira vivre à Vaumery ;
  • Françoise en 1858, qui déménagera à Chassy avec François DUSSAULE ;
  • Marie Cécile en 1861, qui épousera Etienne RENAULT avec qui elle va s’installer à Marigny dans la maison de la Lilice (lettre A).

Un partage anticipé est réalisé le 20 mars 1855 par le grand-père Philibert BOULANDET entre :

  • Jean BOULANDET propriétaire à Marigny et son épouse Marie FEBVRE ;
  • Pierre JOINDOT et Marguerite BOULANDET sa femme demeurant à Chassy ;
  • Philippe TARTERAT et son épouse Reine PORTIER (fille de défunte Anne BOULANDET et de Jean PORTIER).

La maison et ses dépendances sont ainsi décrites :

« Un corps de bâtiment composé de deux chambres à feu avec cave sous l’une d’elles, une écurie double, une grange, une bergerie, un toit à porcs et un poulailler avec cour et aisances pardevant et par derrière, jardin à côté contenant environ cinq ares, le tout tenant ensemble de l’est à un chemin du village, du sud au jardin d’Antoine Bouchépillon, de l’ouest à un chemin du village, du nord à un autre chemin.« 

  • C’est Jean BOULANDET qui devient propriétaire des deux chambres à feu avec la cave et le poulailler, même si Philibert en garde la jouissance.
  • Marguerite BOULANDET épouse JOINDOT obtient l’écurie et la bergerie.
  • Reine PORTIER épouse TARTERAT obtient la grange et le toit à porcs. Elle la revendra à Pierre JOINDOT le 28 novembre 1858.

Lors du recensement de 1876, Jean BOULANDET vit avec son épouse Marie FEBVRE, leurs filles Marguerite, Françoise et Marie, leur petite-fille Joséphine LEGRAIN, son père Philibert BOULANDET, ainsi qu’un domestique Gervais DELAVE.

Philibert BOULANDET décède le 10 février 1878 à l’âge de 89 ans.

En 1881, Jean BOULANDET ne vit donc plus qu’avec son épouse Marie FEBVRE, leur fille Marie, leur petite-fille Joséphine LEGRAIN, et un domestique Pierre RENAULT. En 1886, le couple vit avec ses deux petites-filles Joséphine et Marie LEGRAIN, ainsi que deux domestiques Joseph MARCHAND et Alexis GRILLOT. En 1891, ils hébergent Joséphine LEGRAIN et un domestique Louis ASTIER.

Le 9 mai 1892, Jean BOULANDET fait une donation partage de ses biens à ses cinq filles. En ce qui concerne les bâtiments :

  • Marguerite épouse LEGRAIN obtient : « une écurie couverte en chaume, ainsi que la partie joignant cette écurie, soit deux cinquièmes environ, d’une cour se trouvant devant la dite écurie. Cette écurie et cour joint au levant le chemin de Marigny à Vauclaix, au midi l’ouche de la Croix portée ci-après, au couchant la veuve Laborde et au nord la grange portée sous le troisième lot. » Un bail sera réalisé le 22 mars 1893 en faveur d’Etienne COLAS, et les bâtiments seront finalement vendus à mon ancêtre Etienne BROT le 19 juillet 1919.
  • Françoise dite Solange épouse GUENARD obtient : « une remise et écurie couverte en chaume ainsi que la partie joignant cette remise et écurie, soit un cinquième environ de la cour se trouvant devant ce bâtiment, le tout joignant au levant le chemin de Marigny à Vauclaix, au midi la portion de grange et cour portée au troisième lot ci-dessus, au couchant la veuve Laborde et au sud Jean Louis Gauthé et autres.« 
  • Françoise épouse DUSSAULE obtient : « une grange couverte en chaume avec fenil dessus ainsi que la partie joignant cette grange soit deux cinquièmes environ de la cour se trouvant devant la dite grange. Cette portion de cour et la grange joignent au levant le chemin de Marigny à Vauclaix, de midi l’écurie qui figure au premier lot ci-dessus, du couchant la veuve Laborde et de nord la remise et écurie du cinquième lot. »

Les biens donnés correspondent à des bâtiments d’exploitation situés de l’autre côté de la rue en montant le grand chemin (aujourd’hui exploités par mon père). Quant à Jean BOULANDET, il se réserve la maison en pleine propriété et jouissance, à savoir : « une maison d’habitation avec ses dépendances située au dit lieu de Marigny, un petit jardin de trois ares environ se trouvant à proximité de cette maison, deux petites écuries à côté avec trois mètres de largeur de terrain à prendre autour des dites écuries dans l’ouche de la Croix plus tous les objets mobiliers.« 

Joséphine LEGRAIN, la petite-fille du couple, née à l’Huis Morot commune de Montigny le 20 août 1872, mais élevée chez ses grands-parents à Marigny depuis sa plus tendre enfance, épouse Joseph SIMONNET le 17 avril 1894 à Montreuillon.

Marie FEBVRE décède le 17 janvier 1892 à Marigny à l’âge de 59 ans. En 1896 et 1901, Jean BOULANDET, veuf, vit donc seul dans sa maison de Marigny. Il partira ensuite pour la ferme de l’Huis Morot : c’est là chez son gendre Jean Louis LEGRAIN et sa fille Marguerite qu’il est recensé en 1906. Il y décédera le 24 août 1907 à l’âge de 83 ans. La maison restera vacante et sera démolie en 1920.

Philippe LABORDE

Et c’est là que je commence à avoir des Doutes ! Le bâtiment est racheté par Philippe LABORDE le 9 avril 1919. Ce dernier habitait la maison des Hollandais (lettre M) et était également propriétaire de la maison juste en face (aujourd’hui détruite, au niveau de la bergerie à COLAS – lettre S).

D’après le cadastre, il va faire construire une nouvelle maison sur les ruines de la maison BOULANDET vers 1945. Et en l’occurrence je crains que le cadastre ait deux trains de retard (si ce n’est plus), car je pense qu’en fait la maison a été reconstruite aussitôt, peu après 1920. En tout cas mon voisin René, né en 1928, l’a toujours connue comme ça.

Si mes déductions sont correctes, Philippe LABORDE y vit déjà avec son épouse Marie MEGROT lors du recensement de 1936.

Philippe LABORDE décède entre 1938 et 1945. La maison reste indivise entre sa veuve et ses enfants. Lors du recensement de 1946, sa veuve Marie MEGROT vit seule dans la maison. Elle décède le 4 octobre 1950 à Marigny à l’âge de 82 ans. Sa fille Joséphine LABORDE et son mari Philibert LACOUR deviennent alors propriétaires de la maison, vers 1950.

La maison sera revendue à des parisiens, Eugène LAJOUX en 1959, puis Paul BRUNEL vers 1965. Ce dernier agrandira la maison à deux reprises en 1970 et en 1972. Georges BOUARD, dit Jojo, qui sera cantonnier de la commune, la rachètera en 1979 avec son épouse Marie Madeleine BERNARD. La maison est inoccupée depuis le décès du Jojo en 2017.

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