E comme Ecrivain : la maison FOUBERT

Pour ce ChallengeAZ 2023, je retrace l’histoire des maisons du village où j’ai grandi : Marigny, commune de Montreuillon dans la Nièvre.

Aujourd’hui je vais vous parler de ma maison ! Je la désignerai dans ce challenge sous le nom de ses anciens propriétaires, les FOUBERT. Elle a entre temps aussi appartenu à un écrivain, d’où le titre de cet article.

La maison FOUBERT – Collection personnelle

Lors de l’établissement du cadastre en 1839, ce n’était pas encore une maison : il s’agissait d’un bâtiment appartenant à Antoine THOMAS, qui vivait dans la maison de mes parents (lettre Y).

Antoine THOMAS et les autres

Dans un bail passé le 30 juillet 1843 entre Léonard THOMAS (le fils et héritier d’Antoine, ce dernier étant décédé le 31 janvier 1842) et Jacques TOURNOIS, le bien est décrit comme « les vieux batimens consistant en une grange, une écurie et une bergerie attenant aux batimens des Bouché Pillon.« 

Le 9 octobre 1843, Léonard THOMAS vend ces vieux bâtiments en deux parties.

La grange et la bergerie (les dépendances actuelles) – Edmé PETITIMBERT

La grange et la bergerie sont achetées par mes ancêtres Edmé PETITIMBERT et Jeanne PETITVINCENT (qui vivaient dans la maison de ma grand-mère – lettre P) :

« Une grange et une bergerie y attenant avec la cour pardevant du gros desdites grange et bergerie, laquelle cour ne pourra dépasser l’alignement du mur gontrot de la petite écurie de Jean Louis Bouchépillon et l’équarie de son jardin, lesquelles grange bergerie et cour sont situées audit Marigny et son bornées au levant par le grand chemin, au midy par les batiments dudit Jean Louis Bouchépillon, au couchant par son pré et au nord par l’écurie et la cour du vendeur.« 

Edmé décède le 15 décembre 1859 à l’âge de 58 ans. C’est sa fille Marie et son gendre Antoine COLAS (qui vivent dans la maison détruite derrière chez ma grand-mère – lettre W) qui en héritent suite à la donation entre vifs effectuée par la veuve d’Edmé, Jeanne PETITVINCENT, le 29 décembre 1860 devant le notaire de Lormes. Le bâtiment est décrit de la façon suivante :

« Une grange et une écurie séparées de la maison attribuée au premier lot ensemble la moitié de l’ouche à prendre contre Nicolas Portier« 

Lors d’une donation-partage faite le 13 décembre 1883, le bâtiment est transmis à ses gendres, Philippe BLANDIN époux de Françoise COLAS et Lazare COLAS époux de Marie COLAS. Ces derniers revendent leurs biens respectivement les 28 janvier et 24 juillet 1889 à Germain PREVOTAT (qui vivait dans la maison GOGUELAT – lettre Q).

L’écurie et la première maison – Jeanne BILLARDON

Toujours le 9 octobre 1843, Léonard THOMAS vend l’écurie (correspondant à la maison actuelle) à Simon LEFIOT, fermier à Marigny, et son épouse Jeanne BILLARDON, qui étaient précédemment fermiers dans la maison PANNETIER (lettre K) :

« Une écurie double située à Marigny commune dudit Montreuillon avec cour pardevant et du gros de ladite écurie, laquelle cour ne pourra dépasser l’alignement du mur controt de la petite écurie de Jean Louis Bouchépillon et l’équarie de son jardin, les dites écurie et cour bornées à l’est par le grand chemin du village, au sud par les grange, bergerie et cour vendues par ledit Thomas à Edmé Petitimbert propriétaire et Jeanne Petitvincent sa femme demeurant audit Marigny, suivant acte passé devant le notaire soussigné, aujourd’hui-même […], à l’ouest par le pré du dit Jean Louis Bouchépillon, au nord par son jardin.« 

Etrangement, cette acquisition n’apparaît pas sur le cadastre (ni rien qui concerne la première maison qui a existé sur cette parcelle : elle est complètement passée à travers les mailles du filet !).

Jeanne BILLARDON est née le 29 pluviôse an III (17 février 1795) à l’Haut de la Chaux. Elle a épousé en premières noces Pierre BOURDIAUX le 23 mars 1814 ; un fils prénommé Pierre est né à Linières en 1815. Pierre BOURDIAUX père est décédé le 27 juin 1818, toujours à Linières. Veuve, Jeanne s’est remariée avec Simon LEFIOT le 17 juin 1828 à Lormes. Leurs deux enfants sont nés à l’Huis Baudon, commune de Vauclaix : Claudine en 1829 et Pierre Alban dit Louis en 1834.

C’est en 1838 que le couple arrive à Marigny pour exploiter la ferme des THOMAS (maison PANNETIER – lettre K). Et c’est donc en 1843 qu’ils achètent le bâtiment qui nous intéresse aujourd’hui.

Le couple LEFIOT va transformer l’écurie en maison. En effet lorsque Jeanne BILLARDON fait un partage anticipé de ses biens le 23 juillet 1854 à ses trois enfants, elle lègue :

« Une maison consistant en deux chambres dont une à feu avec cour pardevant et toit à porcs dans la cour le tout d’un seul tenant et borné à l’est par le chemin de Marigny à Chassy, à l’ouest par le jardin et le pré de Jean Louis Bouchépillon« 

La maison reste en indivision et le couple LEFIOT s’en réserve la jouissance jusqu’au décès du dernier vivant. Simon LEFIOT décède le 17 octobre 1864 à Marigny à l’âge de 80 ans.

Le 24 janvier 1875, la maison est revendue à Germain PREVOTAT et Jeanne BOUCHEPILLON (de la maison GOGUELAT – lettre Q) . Les vendeurs sont, chacun pour un tiers :

  • Jeanne BILLARDON, rentière demeurant à Marigny, comme héritière de Pierre dit Louis LEFIOT son fils décédé en Crimée le 1er octobre 1855. Ce dernier était fusilier au 27e de ligne, 3e bataillon, 4e compagnie et est décédé d’une bronchite à l’hôpital ambulant de la 1e division du 2e corps de l’Armée d’Orient. Il avait 21 ans.
  • Claudine LEFIOT femme de Barthélémy CHARNEAU tailleur de pierres à Lormes
  • Claudine BOURDIAUX femme de Charles BACHELIN propriétaire à Marigny, comme l’ayant recueillie de Pierre BOURDIAUX son père décédé le 23 avril 1870.

La maison est en bien mauvais état. Elle est ainsi décrite : « Une maison en ruines, consistant en deux chambres dont une à feu, avec cour pardevant et toit à porcs dans la cour, le tout se joignant et situé à Marigny commune dudit Montreuillon, tenant du levant au chemin de Marigny à Chassy, du midi aux grange et cour d’Antoine Colas, du couchant aux jardin et pré de la dite dame Prévotat, du nord au jardin de ladite dame.« 

Le bâtiment redeviendra alors une écurie. Jeanne BILLARDON décédera le 10 février 1882 à Lormes chez son gendre Barthélémy CHARNEAU à l’âge de 86 ans.

Réunifications – Germain PREVOTAT

Germain PREVOTAT se retrouve ainsi propriétaire de l’ensemble du bâtiment, en ayant acheté les différentes parties en 1875 et 1889. Le couple règle sa succession le 5 février 1897 devant Me LEFEVRE, notaire à Montreuillon, à travers une donation-partage :

  • Théophile devient propriétaire de l’actuelle maison GOGUELAT (lettre Q) et de la cour.
  • Anne, épouse TOURNOIS, hérite de la partie la plus au nord du bâtiment (l’ancienne maison LEFIOT) : « Une écurie couverte en ardoises avec cour devant et tour d’échelle sur un côté et derrière, joignant au levant le chemin, au midi la grange comprise dans le lot ci-après, au couchant et nord le premier lot. » Elle obtient aussi une autre écurie couverte en chaume en très mauvais état, située dans le bas du village au niveau de la cabane des chasseurs.
  • Reine, épouse COFFIGNEAU, hérite de la partie centrale : « Un bâtiment couvert en chaume ayant grange et écurie cour devant et tour d’échelle derrière, joignant au levant un chemin, au midi Prevotat, au couchant le même et au nord Tournois.« 

Par la suite Jacques TOURNOIS et Anne PREVOTAT rachèteront la part de Reine, à une date que j’ignore.

Jacques TOURNOIS

Anne PREVOTAT, que tout le monde connaissait sous le nom d’Annette, est née à Marigny le 31 août 1862, dans la maison voisine (maison GOGUELAT – lettre Q). Elle a épousé Jacques TOURNOIS le 14 novembre 1883 à Montreuillon. Jacques est né à Chassy en 1857 (son père Léonard TOURNOIS était né à Marigny en 1829 dans une des maisons VIGNERON – lettre I). Un fils prénommé Philibert est né au bourg de Montreuillon en 1884.

Anne a ainsi hérité d’une partie du bâtiment en 1897, avant de racheter l’autre partie à sa sœur Reine. Elle et son mari le transforment à nouveau en maison avant 1900, et ils viennent alors s’y installer. Lors du recensement de 1901, la maison est ainsi occupée par Jacques TOURNOIS, facteur, son épouse Annette PREVOTAT et leur fils Philibert (enregistré sous le prénom Gilbert).

Philibert TOURNOIS fait partie de la classe 1904 (matricule 1577 à Nevers). Il est incorporé au 13e Régiment d’Infanterie en octobre 1905, passe caporal un an plus tard et est envoyé en disponibilité en septembre 1907 avec le certificat de bonne conduite.

Fiche matricule de Philibert TOURNOIS – AD58

Philibert étant au service lors du recensement de 1906, Jacques TOURNOIS est recensé seul avec son épouse Annette PREVOTAT. Philibert est de retour en 1911.

Philibert TOURNOIS épouse Marie Madeleine Thérèse COFFIGNEAU le 19 novembre 1912 à Montreuillon. Thérèse est la cousine de Philibert : sa mère est Reine PREVOTAT, la sœur d’Annette. Elle est née à Lormes en 1891.

Philibert sera réformé au moment de la 1e Guerre Mondiale pour bronchite chronique et dénutrition. Le couple aura deux enfants : Gilberte en 1918 et Joseph en 1920 (Gilberte épousera Paul CAS et deviendra hôtelière à Montreuillon ; Joseph deviendra facteur comme son grand-père, il mourra fauché par une voiture alors qu’il descendait d’Oussy à bicyclette).

Lors du recensement de 1921, on retrouve dans la maison de Marigny Jacques TOURNOIS, son épouse Annette PREVOTAT, leur fils Philibert, sa femme Thérèse COFFIGNEAU et leurs enfants Gilberte et Joseph.

Vers 1923, Jacques TOURNOIS agrandit la maison, y adjoignant deux pièces supplémentaires. Jacques TOURNOIS et Annette PREVOTAT déménagent au bourg de Montreuillon entre 1921 et 1926. En 1926, Gilbert Philibert TOURNOIS est recensé seul avec son épouse Thérèse COFFIGNEAU. Les enfants sont à Montreuillon avec leurs grands-parents. Philibert et Thérèse rejoignent le reste de la famille au bourg de Montreuillon entre 1926 et 1931, laissant la maison vacante.

Les MARC et les autres

Le 14 janvier 1935, les TOURNOIS vendront la maison à Philippe MARC et Madeleine THEUREAU, qui habitaient dans la maison du Pitaine (lettre T).

La maison sera alors occupée par des locataires, dont la famille de Jacques ROGER avant ou pendant la 2nde Guerre Mondiale. Annette SAWICKA, une fille de l’assistance élevée chez les MAUCOURANT (lettre C), y aurait habité également.

La fille des MARC, Anne Marie Madeleine épouse RICHON, hérite de la maison en 1964 et la revend en 1970 à Pierre MARAIS. Le couple PAUGAM-VACHIN (des parisiens) la rachète en 1974 ; ils la revendront peu après suite à leur divorce.

C’est la famille FOUBERT-GRAS qui en fera alors l’acquisition le 23 août 1975. Ils la garderont jusqu’au 26 mai 2005, date à laquelle elle est achetée par Martine SPEYER, la femme de l’écrivain Patrick ROEGIERS. Mon mari et moi sommes à notre tour devenus propriétaires de la maison le 29 juin 2021.

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