Son enfance à Reims (51)
L’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui commence le 14 janvier 1749 à Reims (51), avec la naissance de mon ancêtre Jean François BLONDEL. Son père, Rémi BLONDEL, est aubergiste et cabaretier ; sa mère se nomme Marie Anne DORIOT. La famille vit paroisse Saint Timothée, où le petit est baptisé le lendemain.
« L’an de grace mil sept cent quarante neuf le quinzieme de janvier je soussigné Philippe Laplanche pretre chapelain de St Timothée de Reims ay batisé le fils de Remy Blondel cabaretier et de Marie Anne Doriot ses père et mere mariez ensemble habitans de cette paroisse né d’hier auquel on a imposé le nom de Jean François le parrein Jean Baptiste Macteaux de la paroisse de St Maurice de cette ville, la maraine Françoise Lefrique de la paroisse de St Jacques aussi de cette ville qui ont signez avec le père.«
Jean François a eu quatre sœurs, mais a priori aucune n’a vécu (même si j’ai un doute sur l’une d’elle). Il est âgé de 9 ans lorsqu’il perd sa mère, le 18 septembre 1758. Malgré son jeune âge, il signe l’acte de sépulture aux côtés de son père. Sa signature est assurée, il semble avoir reçu une bonne éducation.
« L’an de grace mil sept cent cinquante huit le dix huitième de septembre est décédée en cette paroisse Marie Anne Doriot, agée de quarante trois ans, veuve en premières noces de François Mantiaux, et en secondes epouse de Remy Blondel, aubergiste, laquelle a été inhumée le lendemain au cimetière de cette paroisse où nous l’avons conduit avec les cérémonies accoutumées en présence de son mary susdit, et de François Blondel son fils, de cette paroisse qui ont signé. »
Son père se remarie deux mois plus tard, le 27 novembre 1758, avec Rémiette DARSONVAL.
Son passage à Troyes (10)
C’est à l’âge de 29 ans qu’on retrouve Jean François à Troyes (10) où il va déclarer la naissance de deux filles : Marie Madeleine, née le 13 mai 1778, et Marie Nicole, née le 1er août 1779. Toutes deux sont baptisées paroisse Saint Nizier.
Dans ces deux actes, Jean François est dit sergier, puis compagnon drapier (ce qui pourrait expliquer sa présence à Troyes, où il a pu se rendre à l’occasion de son compagnonnage). Les deux filles sont nées de Marie Madeleine POINSU, qu’il prétend être son épouse… de manière quelque peu abusive !
De retour à Reims
Le couple rentre peu après à Reims (d’où Marie Madeleine POINSU est elle aussi originaire), où ils vont régulariser leur situation dès le 14 mars 1780.
« L’an mil sept cent quatre vingt le quatorze mars, publications faites par trois jours de dimanches ou fêtes chommables au prône de la messe paroissiale en cette eglise et en celle de Saint Nizier de la ville de Troyes des bans de mariage entre Jean François Blondel, sergier agé de trente deux ans, fils de Remy Blondel et de defunte Marie Anne Doriot cy devant de laditte paroisse de Saint Nizier et actuellement de cette paroisse d’une part ; et Marie Magdelaine Poinsu agée de vingt quatre ans, fille de Jean Poinsu et de Marie Nicolle Cayot cy devant de fait de laditte paroisse de St Nizier et maintenant de droit et de fait de cette paroisse d’autre part, sans qu’il y ait eû aucune opposition ni empechement, après avoir vû la dispense du tems prohibé a eux accordé a l’archeveché de Reims en datte du jour d’hier par et signé Demauroux vic gen. et … J.Gobreau, les fiancailles ayant été celebrées le vingt neuf janvier dernier, Je Henry Raussin prêtre … en théologie chapelain de cette paroisse soussigné, ai recu des parties susditte le consentement de mariage, fait les ceremonies accoutumées et celebré ledit mariage dans l’eglise de cette paroisse, en presence et du consentement dud Jean Poinsu père de l’epouse, de Remy Blondel père de l’epoux, de la paroisse de St Thimothée de cette ville, de Francois Lefebvre, et de Jean Lefebvre tous deux de cette paroisse, temoins qui ont signé avec l’epoux et l’epouse.
Et à l’instant le susdit Jean François Blondel et laditte Marie Magdelaine Poinsu dénommés en l’acte cy dessus, et en presence des temoins cy dessus denommés et signé en l’acte de mariage et aussi cy après soussignés ; nous ont dit et déclaré qu’une fille née le premier jour du mois d’aoust de l’année dernière, et baptisée en l’eglise paroissialle de Saint Nizier de la ville de Troyes, et denommée dans l’acte de son baptême, Marie Nicolle, fille de Jean François Blondel et de Marie Magdelaine Poinsu, est leur propre enfant, qu’ils la reconnaissent et l’adoptent pour leur legitime enfant, et qu’ils la rendent propre et habile a leur succeder ainsi que les autres enfans qui pourraient naître a la suitte de leur mariage, dans tous leurs biens venus et a venir en foi de quoi nous avons signé le present acte avec les susdits temoins.«
Cet acte de mariage est surprenant, en ce qu’ils ne reconnaissent que leur deuxième fille, Marie Nicole. Cela pourrait laisser supposer que la première, Marie Madeleine, serait décédée… or ce n’est pas le cas (elle épousera Jacques OUBRY en l’an X puis Nicolas WITTEAU en 1810). Je n’ai pas du tout d’explication…
Huit autres enfants vont naître à Reims, portant à dix ceux du couple : Jeanne Marguerite (1781), Rémi (1782), Jean Pierre (1783), Marie Jeanne (1786), Jean Simon (1791), Jean Nicolas (1795), Jeanne Adélaïde (1796) et Jacques Gabriel (1797).
Jean François est dit alternativement tisseur et sergier de 1781 à 1796. On trouve également par la suite les métiers de revendeur, journalier et cardeur.
De multiples déménagements
Le couple réside paroisse Saint Jacques de 1780 à 1783, puis paroisse Saint Timothée de 1786 à 1791. Ils habitent rue Dieu-Lumière en 1795 (alors Section des Droits de l’Homme ou 3e arrondissement de Reims), rue de Chenia en 1796, puis à nouveau rue Dieu-Lumière en 1797.
L’épouse de Jean François, Marie Madeleine POINSU, décède le 24 floréal an VI (13 mai 1798) à l’âge de 42 ans, à leur domicile toujours rue Dieu-Lumière.
Lors du recensement de l’an X, Jean François vit rue des Salines avec ses deux enfants les plus jeunes encore en vie, Marie Jeanne et Jean Simon (ici appelé Jean François) :
C’est ensuite grâce aux mariages de ses enfants que l’on arrive à suivre Jean François : il vit rue des Salines en janvier 1802, rue du Barbâtre en septembre de la même année, rue de Chativesle en 1810, rue Normandie en 1812 et rue Tournebonneau en 1816 ! Et lors du recensement de 1817, il habite rue Fléchambault :
Autant dire qu’il a beaucoup déménagé ! Et encore, je ne sais probablement pas tout…
Une triste fin
C’est à l’âge de 71 ans que Jean François BLONDEL va pousser son dernier souffle, dans des conditions particulièrement tristes, vu qu’il s’éteint au dépôt de mendicité de la Marne situé à Châlons-en-Champagne.
« L’an mil huit cent vingt, le vingt six octobre à trois heures du soir pardevant nous Louis Arnould, Adjoint délégué par Monsieur le Maire pour faire les fonctions d’officier public de l’Etat Civil, sont comparus les sieurs Jean Lepage, agé de soixante quatre ans, et Pierre Chivron, agé de soixante cinq ans, agens de police en cette ville, lesquels nous ont déclaré que cejourd’hui à dix heures du matin, est décédé au dépôt de mendicité du departement de la Marne, Jean François Blondel, agé de soixante quatorze ans natif de Rheims y demeurant avant d’entrer audit depot de mendicité et ont lesdits déclarants signé avec nous le present acte de décès après que lecture leur en a été faite.«
C’est le deuxième de mes ancêtres décédé là, après Marie Barbe PIERRE que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer. Je ne vous cacherai pas que ces décès en dépôt de mendicité ne cessent de m’attrister, d’autant que dans ce cas Jean François avait au moins quatre enfants mariés, qui auraient sans doute pu le prendre en charge.
Un garçon de neuf ans qui signe un acte… Wow, première fois que je vois ça.
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Tout pareil ! Je m’en suis rendu compte en rédigeant cet article (ça sert !) mais c’est bien lui, il n’y a pas d’autre fils dans la fratrie (ni de trou entre les années de naissance qui puisse laisser un doute). Comme quoi…
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Belle recherche. Mon AAGP a aussi vécu rue Flechambaut. Cette rue n’existe plus c’est maintenant une esplanade
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Merci Céline ! Je pense à toi à chaque fois que je rédige un billet sur mes ancêtres rémois 😉
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La signature en bâtons de Rémi est touchante également
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Oui je l’aime tout particulièrement, en plus elle est très reconnaissable !
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Quelle triste fin, après une vie si remplie !
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Merci Cécile ! En effet on aurait pu imaginer mieux. Je n’ai découvert son décès que récemment car je ne l’avais pas cherché là-bas, quelle tristesse…
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