K comme PatricK : la maison PANNETIER

Pour ce ChallengeAZ 2023, je retrace l’histoire des maisons du village où j’ai grandi : Marigny, commune de Montreuillon dans la Nièvre.

Pour la lettre K, mon voisin PatricK me sauve la mise ! Je vais aujourd’hui vous présenter sa maison, qui appartenait précédemment aux PANNETIER.

La maison PANNETIER – Collection personnelle

Lors de l’établissement du cadastre en 1839, la maison appartenait à Antoine THOMAS, tout comme la maison GOMES voisine (lettre Y) où il habitait. La bâtisse a très longtemps été louée à des fermiers.

Les propriétaires : la famille THOMAS

La maison PANNETIER, comme la maison GOMES, appartenait ainsi à l’origine à la famille THOMAS.

Léonard THOMAS et Marie PESLE se sont mariés le 27 août 1754 à Montreuillon. A leur décès, ce sont leurs deux fils qui héritent de leur biens : Philippe, né en 1758, époux de Marie DROUIN, et Antoine, né en 1761, époux de Françoise DROUIN. Philippe et son épouse se sont installés à Domont, d’où sont originaires les sœurs DROUIN, tandis qu’Antoine et son épouse s’installent à Marigny. Le 16 mars 1818, devant Me SAUTEREAU notaire à Mouron, les deux couples procèdent à un échange : Antoine et Françoise cèdent tous les biens situés à Domont hérités des DROUIN, en échange des biens de Philippe situés à Marigny hérités des THOMAS « consistant en portions de batimens prez terre et bois« , qui étaient jusque là indivis entre les deux frères. Antoine devient ainsi le seul propriétaire des biens situés à Marigny.

Antoine THOMAS et Françoise DROUIN auront deux enfants : Marie en 1789 et Léonard en 1792.

Léonard THOMAS va épouser Marie PELLETIER le 22 avril 1813 à Vauclaix, avec qui il aura cinq enfants. Les trois premiers naissent à Marigny : Antoine en 1814, Jean en 1817 et Jeanne Lazarine en 1819. La famille quitte alors Marigny pour Vauclaix où naîtront Philippe en 1824 et Jean Alexandre en 1828.

Le grand-père, Antoine THOMAS, vit quant à lui encore à Marigny (dans la maison GOMES – lettre Y). Il y décède le 31 janvier 1842 à l’âge de 81 ans. La déclaration de mutation datée du 26 juillet 1842 décrit « un corps de bien situé commune de Montreuillon & Mhère, consistant en bâtiments d’habitation et d’exploitation, cour, jardin, ouches, prés, terres affermé suivant bail reçu Me Cahouet, notaire à Montreuillon, le 6 mai 1838, moyennant la moitié des fruits » indivis entre lui et son fils Léonard, qui en devient alors l’unique propriétaire.

Les parents THOMAS font un partage anticipé entre leurs quatre enfants (Antoine, Jean, Jeanne dite Lazarine et Philippe) au début des années 1850. Léonard THOMAS décède le 28 décembre 1868 à Vauclaix ; son épouse Marie PELLETIER le suit le 18 juillet 1880. Je ne sais pas si la maison a directement été attribuée à leur second fils Jean THOMAS le jeune, propriétaire à Vauclaix et époux de Louise LEPIOT, où s’il en a fait acquisition par la suite, mais le fait est que c’est lui qui est propriétaire de la maison à compter de 1893. Je ne pense pas qu’il soit jamais revenu vivre à Marigny par la suite.

La maison change à nouveau de propriétaire le 13 novembre 1899 (tout comme la maison GOMES à nouveau) : Jean THOMAS fait donation de ses immeubles à sa petite nièce Reine Adélaïde THOMAS, épouse de Louis LEVEILLE, boucher à Corbigny, sous réserve d’usufruit. L’acte est passé devant Me RENAULT notaire à Lormes. Reine est née à Neuffontaines en 1884 et y a épousé Louis LEVEILLE en 1905. Le donateur et usufruitier, Jean THOMAS, décède en 1905.

Louis LEVEILLE et son épouse vont revendre la maison quelques années plus tard : elle devient la propriété de Jean PANNETIER vers 1908, qui en était déjà locataire et qui l’achète en même temps que la maison GOMES voisine.

Les locataires

Après la description des propriétaires, passons aux locataires ayant habité la maison pendant toute cette période ! Je n’en ai pas la liste exhaustive, mais voici ceux que j’ai identifiés :

Charles THEUREAU : 1823-1829

Le 22 janvier 1824, Antoine THOMAS et son fils Léonard signent un bail à moitié avec Charles THEUREAU et Pierre PAILLE, laboureurs à Marigny pour « un petit bien appartenant aux bailleurs situé au territoire dudit Marigny finage des communes de Montreuillon et Mhère, consistant en batiments d’habitation et d’exploitation, jardin, cour et aisances, ouches, prés et terres, sans du tout en rien réserver sinon la maison ou fait sa demeure ledit Antoine Thomas, la grange et l’écurie y attenant […]« . Les preneurs en avaient déjà la jouissance depuis le 1er mai 1823.

Le bail avec Charles THEUREAU sera renouvelé le 24 septembre 1826, sans doute pour 3 ans de plus.

Pierre EDMERY : 1830

Un nouveau bail est signé avec Pierre EDMERY le 31 octobre 1830.

René CHAUSSIVERT : 1832

Un bail à moitié est signé le 28 mars 1832 devant Me CAHOUET à Montreuillon entre Antoine THOMAS et René CHAUSSIVERT, pour commencer le 1er mai suivant. Ce dernier est alors cultivateur à Rochemaçon, commune de Fretoy.

Le bail est résilié le 10 mai 1832 sans avoir jamais pris effet.

Jean DEVOUCOUX : 1832-1838

Ce sont finalement Jean DEVOUCOUX, cultivateur à Montchanson, et sa femme Lazarette LOZIER, qui louent la ferme aux termes d’un bail reçu par Me CAHOUET, notaire à Montreuillon, le 5 juin 1832, pour une durée de six ans. La description de la maison est ainsi faite :

« Un petit bien appartenant auxdits Antoine et Leonard Thomas, situé au territoire dudit Marigny finage des communes de Montreuillon et Mhère, consistant en batiments d’habitation et d’exploitation, cours aisances, jardin, ouches, prés et terres, tel qu’il s’étend et comporte, les preneurs ayant déclaré le bien connaître, sans du tout en rien réserver, sinon la maison dans laquelle le bailleur fait sa demeure, la grange et l’écurie y attenant, le champ de l’Haut de Lachaux, l’ouche devant maison et le pré de la Faie du bas.« 

Simon LEFIOT : 1838-1844

Le 6 mai 1838, un bail à moitié est passé entre « Léonard THOMAS, propriétaire demeurant au bourg de Vauclaix, agissant tant en son nom personnel que comme se faisant fort pour Antoine THOMAS son père aussi propriétaire demeurant à Marigny commune de Montreuillon« , et « Simon LEFIOT journalier à Marigny, Jeanne BILLARDON sa femme et Pierre BOURDIAUX salarié demeurant à l’Huy Baudon commune de Vauclaix« .

La description de la ferme est inchangée. En 1843, Simon LEFIOT et Jeanne BILLARDON achètent un bâtiment dans lequel ils feront une maison, qui deviendra la future maison FOUBERT (lettre E).

Jacques TOURNOIS : 1844-?

Le 30 juillet 1843, Léonard THOMAS met en place un bail avec Jacques TOURNOIS, propriétaire à Marigny (de la maison VIGNERON – lettre I), pour prendre effet le 1er mai 1844 :

« Un bien situé audit Marigny finage des communes de Montreuillon et Mhère, consistant en batimens d’habitation et d’exploitation, cours aisances, jardin, ouches, prés et terres, tel que le dit bien s’étend et comporte sans en rien réserver que les terres des Garennes, et la maison dite du domaine avec la grange et l’écurie y attenant et deux petits jardins qui en dépendent, avec tous les bois et buissons.« 

Je ne sais pas quand a pris fin ce bail et je ne sais pas qui sont les locataires suivants.

En 1883, c’est là que vivent Léonard CHAPUIS et Antoinette MIGNEAU (qui sont propriétaires de deux maisons dans le haut du village où ils vivent habituellement – lettre B et lettre U) lorsqu’ils rédigent leurs testaments le 17 juillet 1883. Le notaire écrit :

« Mad Migneau […] ayant été trouvée par les notaire et témoins soussignés assise sur une chaise placée près de la cheminée dans une chambre à feu au rez de chaussée éclairée par deux croisées donnant sur la cour et appartenant à Antoine Thomas dit le jeune propriétaire demeurant à Vauclaix et où Mr et Made Chapuis habitent momentanément.« 

Dominique PANNETIER : 1883

Un bail est passé le 15 mars 1883 devant Me TARDY à Lormes entre Jean THOMAS et les époux Dominique PANNETIER.

Philibert NOLOT : 1885-1886

Philibert NOLOT, qui vit dans la maison COLAS (lettre N), sera brièvement locataire des biens d’Antoine THOMAS : un bail commence à courir le 11 novembre 1885, qui sera résilié dès le 6 janvier 1886 avec prise d’effet au 1er mai suivant.

Jean PANNETIER : locataire puis propriétaire

Jean PANNETIER est né le 2 août 1860 à Marigny, dans la maison détruite qui se trouvait au-dessus du hangar à COLAS (lettre H). Ses parents sont Dominique PANNETIER et Antoinette BONNET. Il a épousé Françoise BRANCHEREAU le 19 septembre 1886 à Montreuillon. Françoise est née à Montliffé, commune de Cervon, le 6 décembre 1864.

Je pense que Jean PANNETIER et son épouse sont arrivés dans la maison juste après leur mariage en tant que locataires, même si je n’ai pas trouvé le bail (qui n’a a priori pas été passé devant le notaire de Montreuillon).

Le couple aura deux enfants : une petite fille prénommée Marie en 1887 et un garçon nommé Gilbert en 1891.

Lors du recensement de 1891 la maison est occupée par Jean PANNETIER, son épouse Françoise BRANCHEREAU et leur fille Marie. Gilbert les a rejoints lors des recensements de 1896 et 1901.

Marie PANNETIER épouse Etienne PETITIMBERT en 1903 à Montreuillon. Etienne est originaire de la Croix-Milan, où le couple ira s’installer.

En 1906, le foyer est composé de Jean PANNETIER, son épouse Françoise BRANCHEREAU, leur fils Gilbert et sa belle-mère Pierrette MIGNARD.

C’est à cette époque vers 1906 que Jean PANNETIER rachète la maison aux THOMAS pour finalement en devenir propriétaire.

Pierrette MIGNARD veuve BRANCHEREAU décède à Marigny le 8 mars 1908 à l’âge de 66 ans.

Lors du recensement suivant en 1911, seuls restent donc dans la maison Jean PANNETIER, son épouse Françoise BRANCHEREAU et leur fils Gilbert.

Gilbert PANNETIER fait partie de la classe 1911 (matricule 1767 à Nevers). Il est incorporé au 29e Régiment d’Infanterie en octobre 1912. Il part aux armées à la mobilisation générale en août 1914.

  • Il est blessé le 13 septembre 1915 dans une tranchée à Steinbach (Alsace) par balle et éclat de pierre à l’avant-bras droit, entré à l’hôpital de Vesoul pendant un mois. Il sera cité à l’ordre du régiment : « Blessé le 13 septembre à son poste de combat pendant qu’il travaillait sur un point dangereux de la ligne de tranchées« 
  • Il est à nouveau blessé le 7 août 1916 au bois de Hem (80), évacué à Saint-Omer (62) – plaie main gauche et genou droit.
  • Il passe au 6e Régiment d’Infanterie Coloniale en novembre 1917 et est encore une fois blessé le 19 juillet 1918, hospitalisé à Vitré (35) – fracture de la 2e phalange annulaire main gauche.

Il est démobilisé en août 1919. Gilbert s’en sort relativement bien vu son parcours : il n’a reçu que des blessures mineures ne lui causant pas d’infirmité : 1/ Légère déviation en dedans de la dernière phalange de l’annulaire gauche, 2/ Cicatrice sans suite avant-bras et genou droits et 3/ Cicatrice de trépanation de la mastoïde gauche.

Fiche matricule de Gilbert PANNETIER – AD58

Lors du recensement de 1921, on retrouve donc dans la maison de Marigny Jean PANNETIER, son épouse Françoise BRANCHEREAU, leur fils Gilbert, une domestique Lucienne EMERY et un nourrisson Marcel Henri GENESTE.

Il semble que Jean PANNETIER, alors âgé de 61 ans, ait mis fin à son activité de cultivateur en août 1921. C’est en tout cas ce que je comprends de l’annonce passée dans l’Echo du Morvan du 20 août 1921, par laquelle il met en vente du bétail et des récoltes.

L’Echo du Morvan du 20 août 1921 – AD58

Gilbert PANNETIER se marie le 3 janvier 1922 à Mhère avec Léontine Augustine BREZ. Léontine est née à Champcoulant le 25 décembre 1902. Le couple va s’installer dans la maison : un bail est passé entre Jean PANNETIER et son fils Gilbert le 6 juin 1922. Les parents Jean PANNETIER et Françoise BRANCHEREAU vont quant à eux aller s’installer dans la maison voisine qui leur appartient également (la maison GOMES – lettre Y).

Gilbert PANNETIER

Gilbert PANNETIER devient donc chef de ménage.

Gilbert PANNETIER et Léontine BREZ – collection personnelle

Léontine et lui auront trois garçons : Bernard en 1925, Raymond en 1928 et Michel en 1936.

Lors du recensement de 1926, on retrouve dans la maison Gilbert PANNETIER, son épouse Léontine BREZ, leur fils Bernard, ainsi que les beaux-parents Philippe et Jeanne BREZ.

Gilbert devient propriétaire de la maison le 2 mai 1928 suite à une donation-partage.

Gilbert et Léontine sont recensés avec leurs deux enfants en 1931 et 1936.

Le grand-père Jean PANNETIER décède entre 1936 et 1946, sans doute toujours dans la maison GOMES. Sa veuve Françoise BRANCHEREAU revient alors habiter chez son fils. Ainsi lors du recensement de 1946 on note la présence de Gilbert PANNETIER, son épouse Léontine BREZ, leurs enfants Bernard, Raymond et Michel, et sa mère Françoise BRANCHEREAU.

Vers 1967, la maison reviendra au fils aîné, Bernard PANNETIER. En 1972, ce dernier aménage la grange pour en faire une maison plus grande et plus moderne où il va s’installer avec son épouse Aline ROUSSEAU.

Je ne sais pas quand est décédée Léontine. Gilbert décédera quant à lui le 15 janvier 1986 à l’âge de 94 ans, laissant inoccupée la maison historique où il avait continué à habiter. Bernard décédera en 1999 à 74 ans et son épouse Aline en 2008 à 78 ans.

La maison sera rachetée par mon voisin Patrick DELASALLE au début des années 2010.

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