#ChallengeAZ : de l’utilisation des recensements

Tout au long du mois de novembre, je publie l’histoire des maisons du village où j’ai grandi : Marigny, commune de Montreuillon dans la Nièvre. J’ai eu beaucoup de demandes sur la méthodologie utilisée, et je profite donc de ce dimanche de pause pour revenir sur l’utilisation d’une première source : les recensements.

Les recensements disponibles sur la commune de Montreuillon

En ce qui concerne la commune de Montreuillon, les Archives Départementales de la Nièvre proposent :

  • la table des foyers de l’année 1820 ;
  • les tables nominatives des années 1876, 1881, 1886, 1891, 1896, 1901, 1906, 1911, 1921, 1926, 1931, 1936 et 1946.

Sauf exceptions, je n’ai pas exploité le recensement de 1820 car je n’avais pas le moyen dans le temps imparti de relier les foyers aux maisons. Les hameaux ne sont pas notés sur la table du recensement, j’ai donc dû étudier la liste pour déduire où commençait et finissait le village de Marigny :

Recensement de 1820 pour Marigny, commune de Montreuillon – AD58

De manière générale, je me suis donc concentrée sur les tables de 1876 à 1946.

En termes d’évolution démographique, voici ce que les recensements nous apprennent sur Marigny. La population a culminé à 99 habitants en 1876 pour tomber à 48 en 1946. Aujourd’hui en 2023, il n’y en a plus que 12 (en comptant large…).

Marigny – Evolution démographique basée sur les recensements

Les avantages des recensements

Les recensements sont à l’évidence une source incontournable pour reconstituer l’histoire des maisons. Parmi les avantages de cette source, je citerais :

  • ils permettent de reconstituer les fratries, donnent les âges (attention ils sont parfois approximatifs) et les lieux de naissance, ainsi que les métiers des habitants
  • ils listent les gens qui vivaient là en location, ce qu’ignore le cadastre
  • ils listent les domestiques et enfants assistés, qui resteraient complètement inconnus sinon
  • ils permettent de connaître le prénom d’usage des habitants, qui pouvait différer de l’état civil. Je le classe dans les avantages, mais ça implique qu’il ne faut pas se formaliser quand les personnes ne sont pas listées avec leur vrai prénom…

Les limitations des recensements

Une des limitations des recensements est qu’ils ne proposent que des photos à l’instant t. Et donc toutes les personnes qui sont restées peu de temps dans le village et ont vécu à Marigny « entre deux recensements » sont transparentes. Par ailleurs, ils ne donnent aucune information sur les propriétaires (dans le cas où propriétaire et locataire n’étaient pas la même personne).

Mais je crois que la principale limitation est l’absence d’adresses dans les hameaux. Impossible a priori de relier les ménages listés dans les tables aux maisons, à moins d’avoir plus d’informations par ailleurs.

Méfiance toute particulière dans le cas des familles de fermiers, qui peuvent changer de maison d’une fois sur l’autre. Deux exemples :

  • Lors des recensements de 1876 et 1881, la famille d’Etienne GRAILLOT vit dans la maison du Pitaine (lettre T). En 1886, ils ont déménagé dans la maison de l’Henri (lettre U).
  • En 1881, Philippe BLANDIN est domestique dans la maison MAUCOURANT (lettre C). En 1886, il est fermier dans la maison du Pitaine (lettre T). A compter de 1891, il vit dans la maison de la Mémène (lettre B) dont il est devenu propriétaire.

Méfiance d’autant plus que les agents recenseurs ne tournaient pas toujours dans le même sens. Je vous propose ici quelques exemples.

En 1876, l’agent recenseur est parti du haut du village et l’a parcouru de manière parfaitement logique jusqu’en bas :

Le parcours de l’agent recenseur en 1876

En 1891, il a fait le contraire : il est parti du bas et est remonté jusqu’aux maisons VIGNERON. Il avait juste oublié une maison au passage qu’il a faite à la fin :

Le parcours de l’agent recenseur en 1891

Une mention toute particulière au recensement de 1906. En plus de parcourir le village dans un sens logique, l’agent recenseur a en effet pris la peine de mentionner les maisons inhabitées croisées sur son parcours. Je m’en suis servie pour valider certaines de mes hypothèses, et je remercie sincèrement cet agent, qui qu’il soit !

Mais avant cela, il y a eu le recensement de 1901. Et là, c’est le drame ! Voici le parcours suivi par l’agent recenseur. Ca se passe de commentaires…

Le parcours de l’agent recenseur en 1901

En conclusion : les recensements sont une source absolument incontournable et indispensable pour faire l’histoire des maisons. Mais ils ne sont pas suffisants, et il faut se méfier des fausses conclusions ! Afin de ne pas se tromper, il est donc obligatoire de croiser avec d’autres sources… que je vous présenterai un autre jour.

15 réflexions sur “#ChallengeAZ : de l’utilisation des recensements

  1. Stéphane

    Génial les tracés des parcours! Dans les petits villages pas de problèmes pour retrouver nos petits mais dans les grandes communes c’est parfois laborieux 😓. Merci à celles qui ont les relevés selon l’ordre alphabétique des rues😊

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  2. Je pense que si j’empruntais tes flèches pour matérialiser mes recherches annuelles sur les branches de mon arbre, j’arriverais vite au genre de schéma qui décrit le parcours de ton agent recenseur de 1901. Ce garçon est juste un peu beaucoup dispersé 😂😂😂 Bravo pour tout ton travail Christelle ! 👏👏

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