Mon challengeAZ 2020 a pour thème les actes de sépulture et leurs mentions insolites. Pour cette lettre S, je vous parle des Saints hommes présents aux enterrements de Gilberte LECLER et Claude MARION.
Les actes de sépulture
Commençons par les actes bruts, que l’on retrouve dans les registres BMS d’Évaux-les-Bains (23) en date du 11 juin 1681 et Gâcogne (58) en date du 5 juin 1685 :
« Le onzieme juin a eté enterré dans le cimmetiere par nous sousigné prieur de cette abbaye et curé d’Evaux Gilberte Lecler decedée de ce jour epouse en son vivant de Gilbert Dupoux aagée de cinquante cinq ans en presence de tous les religieux et son mary et des sousignés. »
« Ce jourdhuy 5 juin 1685 Claude Marion drapier agé de cinquante deux ans est decedé et inhumé dans leglise de Gacougne par moy curé de Vaucloix sousignés pnts Me Pierre Marion son frere et curé dudit lieu Me Philibert Bertrand ptre deservant Mehere Me Jean Tonnelier ptre curé de Lucenay les Aix et Me Vincent Millereau ptre chanoine a Cervon tes[moins] qui ont signé ainsy signé P. Marion P. Bertrand V. Millereau J. Thonnelier Antoine Goureau curé de Vaucloix sousigné »
Les protagonistes : Gilberte LECLER, SOSA 14833 et Claude MARION, SOSA 6722
Commençons par Gilberte LECLER : elle a épousé Gilbert DUPOUX, boucher et bourgeois d’Evaux-les-Bains, le 24 février 1650. Le couple aura six enfants : Gilberte (1651), Jeanne (1653), Gilbert (1654), Gabrielle (1657), Gabriel (1659) et Antoine (1661). Ils font partie du gratin d’Evaux, si vous me permettez l’expression : leur fils aîné Gilbert deviendra lieutenant de robe courte du pays et bailliage de Combrailles et franc élu.
Quant à Claude MARION, lui aussi occupe une position privilégiée à Gâcogne, où il est marchand drapier. Son épouse est Marie PAUPER, qui lui a donné au moins cinq enfants : Pierre, Jeanne, Marguerite (1669), Germaine (1671) et Madeleine (1674).
Retour sur les circonstances du décès
Vous aurez compris que rien ne relie ces deux personnages, si ce n’est moi les invités prestigieux présents à leur sépulture. Tous les deux occupaient une position préférentielle dans la société d’alors, et c’est sans doute ce qui leur a valu cet honneur.
Gilberte a ainsi été accompagnée dans sa dernière demeure par tous les religieux de l’abbaye d’Évaux-les-Bains ! C’est le prieur de la Congrégation des Génovéfains (chanoines dont l’abbaye-mère était l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris, qui observaient la règle de saint Augustin et qui portaient une robe blanche et un rochet) qui était curé en l’abbatiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul et qui a présidé la cérémonie.
Passons à présent à Claude MARION : pas de communauté religieuse à l’horizon, mais pas moins de cinq curés présents à sa sépulture ! L’un d’entre eux est son frère, Pierre MARION, curé de Gâcogne. Trois autres officient dans des paroisses avoisinantes : Cervon, Mhère et Vauclaix. Quant au cinquième, il a étonnamment fait la route depuis Lucenay-lès-Aix, situé à environ 80 km au sud-ouest de Gâcogne ! Peut-être faisaient-ils tous partie de familles alliées ?
Effectivement ! Beaucoup de beau monde pour ces actes de sépulture ! Pour le dernier, la présence du prêtre de Lucenay les Aix ne peut s’expliquer que par une relation très proche : familiale ou moins probable, amicale. Ce serait intéressant de retrouver le lien, s’il existe 😊
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Oui je suis d’accord, même si ça commence à être assez loin dans le temps, donc je ne suis pas certaine d’y arriver…
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Jamais vu de mon côté, du moins, pas chez les ascendants.
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Je n’ai pas non plus ce genre de cas en dehors de ces deux actes, qui concernent des branches assez aisées (donc par définition rares dans mon arbre !)
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Que d’honneur ! C’est le genre de détails qui mettent la puce à l’oreille sur le rang social. Décidément, je regrette que les témoins aux décès ne soient jamais mentionnés là où je fais mes recherches. C’est vraiment un plus.
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C’est vrai que ça me manque beaucoup en Belgique et au Portugal où ces mentions sont rares…
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Très intéressant. Et effectivement ça révèle sans doute d’une certaine notoriété, au moins dans la sphère religieuse. Peut-être ont-ils aussi beaucoup donné aux églises et/ou abbayes ?
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En effet on peut le soupçonner, il faut que j’explore les archives notariées pour vérifier si je peux retrouver des informations.
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J’ai croisé ce genre de configuration déjà mais il me semble que c’était pour un mariage. A croire qu’il y avait plus d’hommes d’église que d’invités 🙂 Si la quantité est fonction de la notoriété de la famille, il faut que retourne voir ça de plus près. Très intéressant en tout cas.
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Ca vaut le coup de se pencher sur la question en tout cas !
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Gilberte et son mari contribuaient peut être de manière assidue à la communauté de chanoine pour mériter qu’ils se déplacent tous. Il est aussi possible qu’un leg ait été fait à la communauté dans son testament à la condition qu’ils assistent à son enterrement (et sans doute contre des messes également). Pour le deuxième cas, je penche aussi pour une raison familiale
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Oui ils devaient sans doute donner régulièrement de l’argent à l’abbaye, c’est très probable.
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Il y a peut être des livres de comptes encore disponibles, ce serait formidable d’y trouver confirmation de ces donations
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Ce serait vraiment super. Je viens de regarder sur le site des AD23 et je n’ai rien trouvé concernant l’abbaye d’Evaux… Peut-être les archives sont-elles conservées ailleurs (si elles existent encore) ?
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Ping : 114. Estienne Groueix et Anne Dupoux – Conversations avec mes ancêtres
C’est passionnant et amène de nombreuses hypothèses !
Peut-être que le dernier, qui vivait à 80km, était seulement là en visite, auprès d’un « confrère »…
As-tu fais de nouvelles découvertes depuis ?
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Oui c’est peut-être aussi simple que ça en effet ! Non je n’ai pas plus avancé sur cette branche.
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