I comme Imbroglio : les maisons VIGNERON

Pour ce ChallengeAZ 2023, je retrace l’histoire des maisons du village où j’ai grandi : Marigny, commune de Montreuillon dans la Nièvre.

Les maisons VIGNERON font partie de celles qui ont le plus changé à Marigny depuis 1839, ce qui en fait également celles dont l’histoire est la plus difficile à reconstituer. Je vous livre ici mes meilleures hypothèses, sans garantie qu’il n’y ait pas d’erreurs…

Les maisons VIGNERON – Collection personnelle

Jean TOURNOIS

Jean TOURNOIS est né en 1776 ; il a épousé Françoise VALE le 15 février 1790 à Montreuillon. Le couple va avoir deux enfants : Jacques en 1802 et Pierre en 1805.

Françoise décède peu après et Jean TOURNOIS épouse en secondes noces Marie GRAILLOT le 22 juin 1807. Trois enfants verront le jour de ce deuxième mariage : Antoine, Françoise et Françoise. Le couple part alors s’installer à Chassy où ils décèdent, Marie le 30 décembre 1839 et Jean le 8 janvier 1840.

Jacques et Pierre, les enfants du premier mariage de Jean, sont quant à eux restés vivre à Marigny. Pierre décède le 6 octobre 1828 à l’âge de 23 ans.

Le 8 février 1840, Jacques TOURNOIS échange les biens lui appartenant à Chassy contre les biens appartenant à ses demi-frère et sœurs à Marigny « consistant en droits de batimens, jardin, cour, ouches, prés terres et bois« . Il devient alors seul propriétaire de la bâtisse.

Jacques TOURNOIS, le patriarche

Lors de l’établissement du cadastre en 1839, la parcelle G8-86 correspond ainsi à la maison et au bâtiment de Jacques TOURNOIS. On constate en superposant le cadastre ancien et actuel que le corps de bâtiment était beaucoup plus important que ce qu’il en reste aujourd’hui. Il y a eu là jusqu’à quatre maisons d’habitation, sans compter les bâtiments d’exploitation ! Quatre maisons sur une seule parcelle cadastrale, vous imaginerez sans difficulté que c’est difficile à démêler…

Jacques TOURNOIS est donc né le 30 ventôse an X (21 mars 1802) à Marigny, de Jean TOURNOIS et Françoise VALLEE. Il a épousé Jeanne BOULANDET le 15 juin 1824 à Vauclaix. Le couple a eu huit enfants, tous nés à Marigny et qui tous ont atteint l’âge adulte :

  • Anne en 1825, qui épousera François LOUAPT ;
  • Jean en 1826, qui épousera Marie GRAILLOT ;
  • Léonard en 1829, qui épousera Marie PREVOTAT ;
  • Elisabeth en 1831, qui épousera Jean-Louis GAUTHE ;
  • Pétronille en 1832, qui épousera François SALLE ;
  • Jean en 1835, qui épousera Anne PILLON ;
  • Marie Anne en 1839, qui épousera Claude CHARBONNEAU ;
  • Jean en 1842, qui épousera Antoinette GRAILLOT.

Le 18 novembre 1850, Jacques TOURNOIS et Jeanne BOULANDET procèdent à une donation-partage de leurs biens à leurs enfants. Les immeubles sont ainsi désignés :

« Un corps de batiment composé de deux chambres dont une à feu, une grange, deux écuries, une bergerie, un hangard et une cave avec cour devant le corps de batiment, le tout borné [à l’est ?] par le jardin ci après, au nord par le chemin de Marigny à Lormes.« 

Les donateurs se réservent « un toit à porcs situé audit Marigny avec la cour pardevant, le tout borné à l’est par le grand chemin de Marigny à Lormes, à l’ouest par la cour du batiment désigné sous l’article premier« .

Concernant l’origine de propriété, Jacques TOURNOIS en est propriétaire comme provenant des successions de Jean TOURNOIS et Françoise VALLEE ses père et mère et de celle de Pierre TOURNOIS son frère. Il est observé que le hangar et la bergerie ont été bâtis pendant la durée de la communauté existant entre les donateurs, sur un terrain propre à Jacques TOURNOIS.

Parmi les conditions de la donation, il est stipulé que les les donataires devront faire construire avant le 24 juin 1851, dans le toit à porcs réservé, une maison composée d’une seule chambre à feu avec fond pour loger les donateurs. D’ici cette date, ces derniers auront le droit d’habiter dans la maison de l’article premier.

Une nouvelle maison est ainsi construite en 1850-1851 sur la parcelle G8-86. Si mes déductions sont correctes, il s’agit de l’actuelle maison ARNOUX (lettre Z).

Jacques TOURNOIS et Jeanne BOULANDET quitteront finalement Marigny pour Chassy entre 1850 et 1852. Ils deviendront fermiers sur le domaine de Chassy appartenant au comte de Choiseul. Jeanne y décédera le 30 mai 1854 à l’âge de 52 ans.

Juste avant, le 22 janvier 1854, les enfants ont procédé au partage des biens donnés par leurs parents… et c’est là que ça se complique ! Parmi les biens à partager, on trouve :

« Un corps de batiment composé d’une maison, avec fond, une écurie à la suite avec chambre derrière l’écurie dans laquelle elle a été construite, grange, une écurie suivant la grange, bergerie joignant cette écurie, cave à l’extrémité avec remise au dessus, puis une maison séparée, cour devant les deux batiments, jardin à côté du corps de batiment et derrière la maison qui se trouve seule, contenant environ deux ares, le tout ne formant qu’un seul enclos et tenant de l’est aux batimens et cour de Jean Boulandet, du sud et de l’ouest à l’ouche de Léonard Gaulon, du nord au chemin de Marigny à Lormes.« 

Jean troisième du nom, le plus jeune des enfants TOURNOIS, se voit attribuer par ses parents le premier lot, contenant la nouvelle maison séparée du corps de bâtiment (lettre Z).

Le tirage au sort attribue ensuite :

  • le deuxième lot à Pétronille : « un tiers dans l’indivision pour le surplus avec les troisième et quatrième lots de la maison fesant partie du corps de batiment ainsi que de l’aisance à côté et d’une parcelle de cour pardevant et du gros de cette maison s’étendant vers le nord jusqu’à celle du premier lot.« 
  • le troisième à Marie, contenant un autre tiers de l’indivision de la maison
  • le quatrième à Elisabeth, contenant le dernier tiers de l’indivision
  • le cinquième à Jean l’aîné, contenant « l’écurie joignant la maison ainsi que de la chambre qui se trouve derrière avec une parcelle de cour pardevant et du gros de cette écurie, s’étendant au nord jusqu’au chemin.« 
  • le sixième à Anne : « la grange contenue sous l’article premier avec une parcelle de cour pardevant et du gros de cette grange, s’étendant au nord jusqu’au chemin.« 
  • le septième à Léonard : « l’écurie entre la grange et la bergerie avec une parcelle de cour pardevant et du gros de cette écurie s’étendant au nord jusqu’au chemin.« 
  • le huitième à Jean deuxième du nom : « la bergerie avec une parcelle de cour à prendre du gros de cette bergerie et pardevant jusqu’au chemin.« 

Je vous propose à présent de voir ce qu’il est advenu de ces différentes parties de bâtiment, en partant du bas vers le haut. J’ai essayé de représenter la transmission de chacune des maisons sur cet arbre généalogique pour vous aider à suivre :

La première maison : la maison historique, aujourd’hui disparue

La maison historique (celle qui existait déjà lors de l’établissement du cadastre en 1839), revient en indivis à Elisabeth, Marie et Pétronille.

Elisabeth et son époux Jean-Louis GAUTHE rachètent la part des deux autres sœurs en 1860 et 1861 :

  • le 3 et 4 juin 1860 devant Me CAHOUET notaire à Montreuillon, « Claude CHARBONNEAU menuisier avec Marie TOURNOIS sa femme demeurant ensemble au Chêne commune de Chaumard » vendent à Jean-Louis GAUTHE propriétaire à Marigny « le tiers d’une maison avec fond de l’aisance à coté et de la cour pardevant et du gros de cette maison, lesquels objets indivis avec Jean Tournois et Elisabeth Tournois femme de l’acquéreur tiennent du levant au jardin de Jean Tournois premier du nom, du midi à celui de Jean Boulandet, du couchant à l’ouche dudit Jean Tournois, du nord à sa maison« .
  • Le 19 mai 1861, Jean TOURNOIS premier du nom et Marie GRAILLOT sa femme lui vendent l’autre tiers, acquis de Pétronille « suivant acte passé devant Me Joly notaire à Lormes il y a quatre ou cinq ans.« 

Jean-Louis GAUTHE est né à Oussy le 14 septembre 1822 ; il est arrivé à Marigny suite à son mariage avec Elisabeth TOURNOIS le 21 janvier 1855. Le couple aura trois enfants : Pétronille Marie en 1856, Anne en 1857 et Jacques en 1862.

Pétronille Marie GAUTHE se marie le 3 juin 1874 à Montreuillon avec Antoine Léon COLAS, qui est né en 1853 à Marigny (dans la maison détruite derrière celle de ma grand-mère – lettre W). Si mes déductions sont correctes, ils vont aller s’installer dans l’actuelle maison ARNOUX (lettre Z).

Lors des recensements de 1876 et 1881, Jean-Louis GAUTHE et son épouse Elisabeth TOURNOIS son recensés seuls dans la maison.

Leur fils Jacques appartient à la classe 1882 (matricule 1722 à Nevers). Il est incorporé au 1er Régiment d’Artillerie fin 1883, passe au 8e Escadron du Train des Equipages fin 1884 et sera renvoyé chez lui en septembre 1887 avec le certificat de bonne conduite. Sa fiche matricule nous apprend qu’il partira habiter chez M. d’ASSIGNY à Saint-Jean-aux-Amognes en 1889, au 27 rue de Rémigny à Nevers en 1891, au 2 carrefour de l’Odéon à Paris plus tard dans l’année 1891, au 14 rue des Réservoirs à Versailles en 1892, de nouveau au 2 carrefour de l’Odéon à Paris fin 1892, et qu’il ne rentrera à Montreuillon qu’en 1901.

Fiche matricule de Jacques GAUTHE – AD58

Jacques est toujours au service lors du recensement de 1886 : Jean-Louis GAUTHE et Elisabeth TOURNOIS continuent donc de vivre seuls dans la maison.

La maison est démolie en 1886 et une nouvelle est reconstruite à la place en 1887.

Sans doute trop âgé pour vivre seul, le patriarche Jacques TOURNOIS, revenu de Chassy quelques années auparavant, s’installe chez sa fille et son gendre où on le retrouve lors du recensement de 1891. Il décède le 9 octobre 1891 à Marigny à l’âge de 89 ans.

Ainsi au recensement de 1896, Jean-Louis GAUTHE et Elisabeth TOURNOIS sont à nouveau seuls.

Jean-Louis GAUTHE décède le 7 mai 1897 à l’âge de 74 ans. Quelques jours après, le 11 mai 1897, sa veuve Elisabeth TOURNOIS procède à une donation-partage devant Me LEFEVRE notaire à Montreuillon. Ses deux enfants sont « Madame Pétronille dite Marie GAUTHE épouse de Mr Léon COLAS propriétaire cultivateur avec lequel elle demeure au dit lieu de Marigny et Mr Jacques GAUTHE, valet de chambre demeurant à Paris carrefour de l’Odéon n°2« .

C’est son fils Jacques GAUTHE qui devient propriétaire de la maison, même si Elisabeth en garde l’usufruit ; il reviendra peu après de la région parisienne pour vivre avec sa mère. Il s’agit d’ « une maison couverte en chaume en très mauvais état avec petite écurie et jardin de vingt-cinq centiares environ y attenant, joignant dans son ensemble, au levant Tournois ; au midi Guenard ; au couchant le jardin ci-après ; et au nord Louap.« 

Lors des trois recensements suivants en 1901, 1906 et 1911, Elisabeth TOURNOIS vit donc avec son fils Jacques GAUTHE.

Elisabeth décède à Marigny le 10 juillet 1911 à l’âge de 80 ans. En 1921 et 1926, Jacques GAUTHE vit donc seul chez lui.

Jacques décède célibataire le 18 janvier 1927 à l’âge de 64 ans. La déclaration de mutation datée du 16 juillet 1927 décrit « un corps de bâtiment couvert en chaume, comprenant maison d’habitation élevée sur terreplein d’un rez de chaussée d’une seule pièce avec grenier au dessus, écurie avec grenier au dessus, poulailler en appentis, cour commune avec divers devant le bâtiment, jardin derrière contenant un are environ, le tout d’un seul tenant« . Sa sœur Marie Pétronille GAUTHE veuve COLAS est sa seule héritière. Cette dernière fait une donation-partage chez Me COURTIAL qui sera enregistrée le 18 février 1927 ; la maison devient alors la propriété de son fils Georges Jacques COLAS.

La maison restera inoccupée et sera démolie en 1943.

La deuxième maison : la maison VIGNERON du bas

Jean TOURNOIS l’aîné (né en 1826) a hérité d’un bâtiment constitué d’une chambre et d’une écurie. Il s’est marié en 1852 avec Marie GRAILLOT, et a fait construire une maison sur sa part d’héritage en 1854, agrandissant sa simple chambre en édifiant le reste de la maison sur l’emplacement des écuries.

Les deux premiers enfants du couple sont nés à Chassy : Reine en 1853 et Léonard en 1854.

Le couple vient ensuite s’installer à Marigny, où ils seront fermiers des CHAPUIS de 1856 à 1862 (maison de l’Henri – lettre U). Ils resteront habiter dans un premier temps dans leur propre maison. C’est là que naissent les trois enfants suivants : Jean Etienne en 1856, Jacques en 1858 et Antoinette en 1860. Ils s’installeront finalement chez les CHAPUIS en 1861 après la reconstruction de la maison de l’Henri et de la petite maison LABORDE (lettre U toujours).

Après la fin de leur bail en 1862, ils repartent pour Chassy où naîtront les trois dernières filles : Reine en 1866, Antoinette dite Jeanne en 1870 et Marguerite en 1874.

Le 12 novembre 1872, Jean TOURNOIS l’aîné revend sa maison à Léger ARNOUX (qui habite alors dans la troisième maison chez ses beaux-parents, les LOUAPT) : « une maison composée de deux chambres dont une à feu avec deux écuries et une cave pardevant plus une parcelle contenant environ deux ares à prendre au nord dans une ouche dite de la Croix et contenant en totalité environ huit ares […] tenant du levant au grand chemin, du midi une parcelle d’ouche réservée par les époux Tournois […], du midi encore aux maison et cour de Mad Gauthé, du couchant, du nord à l’ouche de Jean Boulandet ainsi qu’aux maison et cour de Mad Louapt, mais du nord seulement.« 

Je ne sais pas à quelle date Léger ARNOUX a déménagé. Je considérerai ici (mais sans certitude) qu’il est resté dans un premier temps dans la troisième maison, et que toute la famille a emménagé dans la deuxième maison après le recensement de 1886.

Anne TOURNOIS épouse LOUAPT, la belle-mère de Léger, décède le 2 juillet 1890 à l’âge de 65 ans. En conséquence, lors du recensement de 1891, on retrouve dans la maison :

  • François LOUAPT
  • Sa fille Marie LOUAPT et son mari Léger ARNOUX
  • Leur petite-fille Marie GUILLAUME, alors hébergée chez ses grands-parents

Leur fils Jean n’est pas là : il est parti faire son service militaire. Il a été appelé dans la classe de 1888 (matricule n°1681, bureau de Nevers). Dirigé fin 1889 sur le 85e Régiment d’Infanterie de ligne, il passe clairon fin 1890 et sera envoyé en congé en septembre 1892 après avoir reçu le certificat de bonne conduite.

Fiche matricule de Jean ARNOU – AD58

Jean ARNOUX est de retour lors du recensement de 1896, et la petite Marie GUILLAUME est repartie.

Jean épouse Pauline GRILLOT le 27 avril 1897 à Mhère. Pauline est née en 1874 à Vaupranges. Une petite fille, Valentine Marie ARNOUX, naît le 13 juillet 1898 à Marigny.

Une donation-partage a auparavant été réalisée le 30 avril 1899 devant Me TACNET, notaire à Montreuillon. La maison revient à Françoise ARNOUX et son époux Pierre GUILLAUME.

Je considère ici que la veuve de Léger ARNOUX, Marie LOUAPT, est partie vivre dans la nouvelle maison avec son père, mais je n’en ai aucune certitude. Il est en fait possible qu’ils soient restés dans la deuxième maison, qui appartient à sa fille Françoise ARNOUX et son mari Pierre GUILLAUME mais que ces derniers n’occupent pas.

La maison sera détruite en 1943. Même si le cadastre ne garde pas trace de la date de reconstruction de la maison VIGNERON du bas, je pense que c’est bien elle qui a succédé à la deuxième maison.

En 1957, la maison appartient à Maurice GOSSET, le gendre de Pierre GUILLAUME et Françoise ARNOUX. Elle a été habitée par Raymond GOSSET, surnommé Vole-Vole : ce dernier était le neveu de Maurice, qui a été élevé par son oncle et sa deuxième femme, Maria GUILLAUME (la fille de Pierre GUILLAUME et Françoise ARNOUX, qui ont habité dans la maison de mon oncle – lettre G).

La maison passera aux mains de la Société Bourgogne Immobilière vers 1966, puis elle sera rachetée par Raymond PAYEN (une famille de parisiens) vers 1968. Les VIGNERON, déjà propriétaires de la maison du haut, la rachèteront dans les années 1980-1985.

La troisième maison : la maison VIGNERON du haut

La fille aînée de Jacques, Anne TOURNOIS, hérite également d’un bâtiment constitué d’une grange avec son époux François LOUAPT. François est né à Moncheru en 1821 ; il a épousé Anne en 1844. Le couple fait bâtir une maison sur leur part d’héritage en 1855.

Ils ont auparavant eu une fille, Marie Madeleine, née en 1845 à Marigny, qui épousera Léger ARNOUX à Gâcogne en 1861. Les LOUAPT ont été fermiers à l’Huy Pilavoine avant 1862, c’est sans doute ainsi que Marie et Léger se sont rencontrés. Toute la famille revient à Marigny en 1862. Ils seront fermiers des GAULON (maison PERRINE – lettre R) de 1862 à 1868.

Deux enfants vont naître dans la famille ARNOUX : Françoise en 1864 et Jean en 1868. Lors des recensements de 1876 et 1881, on trouve donc les personnes suivantes :

  • François LOUAPT et son épouse Anne TOURNOIS
  • Leur fille Marie Madeleine LOUAPT et son époux Léger ARNOUX
  • Leurs deux enfants Françoise et Jean ARNOUX

Françoise ARNOUX épouse Pierre GUILLAUME le 28 novembre 1882 à Montreuillon. Ce dernier est né en 1858 à Chaumard. C’est dans cette commune que le couple s’installe, avant de revenir à Marigny, mais dans une autre maison (celle de mon oncle – lettre G), où on les retrouvera à partir de 1894.

Lors du recensement de 1886, Léger ARNOUX, Marie LOUAPT et leurs enfants ne sont pas recensés à Marigny (je ne sais pas où ils sont alors). Quant à François LOUAPT et Anne TOURNOIS, ils sont hébergés chez leurs neveu et nièce, qui habitent dans l’actuelle maison ARNOUX (lettre Z).

La maison sera convertie en bâtiment rural en 1887. Je considère ici (mais sans certitude), que c’est à ce moment-là que la famille emménage dans la deuxième maison, que Léger ARNOUX avait achetée le 12 novembre 1872, mais ceci n’est qu’une hypothèse.

Une donation-partage sera réalisée le 30 avril 1899 devant Me TACNET, notaire à Montreuillon. C’est Jean ARNOUX, le fils de Léger, qui hérite de la parcelle, ainsi que de la quatrième maison.

Le cadastre ne garde pas la trace de la reconstruction de la maison. Le fait est qu’elle sera reconstruite, et qu’elle reviendra à Valentine ARNOUX, puis à son plus jeune fils, Maurice ARNOUX. En 1976, Maurice vend la maison à Gilbert VIGNERON, qui l’habite toujours avec son épouse.

La quatrième maison, aujourd’hui disparue

Léonard TOURNOIS a lui aussi hérité d’un bâtiment constitué d’une écurie. Le 9 décembre 1860, son frère Jean dit Jeanjean (le Jean deuxième du nom né en 1835), facteur rural à Chassy, lui revend une partie de son lot, constitué de la bergerie et d’une cour.

Léonard vit à Chassy où il a épousé Marie PREVOTAT en 1855. Je ne pense pas qu’il soit jamais revenu vivre à Marigny, mais il fait tout de même construire une maison sur sa part d’héritage en 1861.

Léonard TOURNOIS décède le 14 octobre 1884 à Chassy, à l’âge de 55 ans. La déclaration de mutation par décès datée du 2 mars 1885 mentionne une « maison avec chambre a feu et petit jardin » appartenant à la communauté. La succession prendra quelque temps à être réglée, mais la maison reviendra finalement vers 1890 à son fils Jacques TOURNOIS, facteur rural (le même qui fera construire quelques années plus tard la maison FOUBERT – lettre E).

C’est vers cette époque que le patriarche, Jacques TOURNOIS, revient de Chassy pour finir ses vieux jours à Marigny. Je pense que c’est dans cette maison qu’il va s’installer dans un premier temps. Lors du recensement de 1886, la maison aurait donc été occupée par Jacques TOURNOIS. Ce dernier ira ensuite s’installer chez sa fille Elisabeth TOURNOIS et son gendre Jean-Louis GAUTHE (dans la première maison) qui prendront soin de lui sur la fin, laissant la quatrième maison inoccupée.

La maison sera convertie en bâtiment rural et démolie en 1899.

Toujours vers 1899, Léger ARNOUX rachète la parcelle, et c’est à cet emplacement qu’il va faire construire sa nouvelle maison en 1899. Il décède à la même période, le 20 mai 1899 à l’âge de 64 ans. Je ne sais pas s’il a eu le temps d’habiter la quatrième maison ou s’il est décédé dans la deuxième.

Une donation-partage a auparavant été réalisée le 30 avril 1899 devant Me TACNET, notaire à Montreuillon. C’est son fils Jean ARNOUX qui hérite de cette nouvelle maison tout juste construite, ainsi que de la troisième.

Je considère ici que la veuve de Léger, Marie LOUAPT, est venue vivre dans la nouvelle maison avec son père, mais je n’en ai aucune certitude, il est aussi possible qu’ils soient restés dans la deuxième.

Jean ARNOUX, qui a épousé Pauline GRILLOT en 1897, va déménager à de nombreuses reprises. Je ne connais pas la raison de ces déménagements, mais j’imagine que Jean n’est pas resté cultivateur toute sa vie… On arrive à suivre leurs différentes adresses grâce à la fiche matricule de Jean :

  • 18/12/1898 : Moissy-Cramayel (77)
  • 11/11/1900 : retour à Montreuillon
  • 26/06/1901 : Chèvreville (60)
  • 15/08/1904 : Montmorency (95)
  • 25/10/1904 : Villeneuve-Saint-Georges (94)
  • 03/12/1907 : Saint-Leu-Taverny (95)
  • 26/05/1910 : retour à Montreuillon
  • 10/09/1912 : Septfonds (89)
  • 31/08/1914 : retour définitif à Marigny, commune de Montreuillon

Pendant ce temps, en 1901 et 1906, François LOUAPT vit avec sa fille Marie Madeleine LOUAPT, veuve ARNOUX.

François LOUAPT décède le 5 mars 1909 à l’âge de 87 ans. Pauline GRILLOT épouse ARNOUX décède quant à elle le 23 mars 1911 à Pont-Sainte-Maxence dans l’Oise à l’âge de 35 ans.

Lors du recensement de 1911, Jean ARNOUX est (provisoirement) de retour auprès de sa mère Marie LOUAPT à Marigny, avec sa fille Valentine.

Valentine se marie le 3 mars 1914 à Montreuillon avec Jean-Marie GUILLAUME, qui n’est autre que son cousin, fils de Françoise ARNOUX et Pierre GUILLAUME, né en 1889 à Chaumard. Un petit Joseph voit le jour le 18 mars 1914, qui décédera le 18 mai 1915 à l’âge de 14 mois. Ce mariage sera malheureusement de courte durée : la guerre éclate et Jean-Marie est appelé au front. Il n’en reviendra pas : il est tué le 8 octobre 1915 à Carency dans le Pas-de-Calais.

Jean-Marie GUILLAUME, Mort pour la France – Mémoire des Hommes

En 1921 et 1926, c’est donc toujours Jean ARNOUX, sa fille Valentine, désormais veuve de guerre, et sa mère Marie LOUAPT qui habitent la maison.

Marie LOUAPT décède le 13 septembre 1926. En 1931, seuls Jean ARNOUX et Valentine sont donc présents.

Devenue veuve très jeune, Valentine ne se remariera pas. Pour autant elle aura trois enfants, tous nés de père inconnu et qui porteront son nom, ARNOUX : Jean naît à Marigny le 5 décembre 1932 ; Pauline naît le 26 septembre 1934 à Nevers ; Maurice, dit Mickey, naît à Château-Chinon le 13 mars 1938.

Jean ARNOUX, le père, décède le 9 février 1936 à l’âge de 67 ans. La déclaration de mutation datée du 3 octobre 1936 décrit « un corps de bâtiments à Marigny comprenant : maison d’habitation avec grenier dessus, grange, toits à porcs et à volailles, jardin. » Valentine, sa fille et seule héritière, devient alors propriétaire de la maison.

Lors du recensement de 1936, Valentine ARNOUX vit seule avec son fils Jean :

Valentine ARNOUX et son fils Jean – Collection J.ARNOUX

En 1946, Valentine vit avec ses deux fils Jean et Maurice.

Vers 1960, Valentine va racheter l’actuelle maison ARNOUX (lettre Z), où elle décédera le 6 novembre 1971 à l’âge de 73 ans.

Voici ce que ça donne en résumé, en espérant que je n’aie pas fait trop d’erreurs d’interprétation :

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