#Généathème : histoires d’argent

Pour notre plus grand plaisir, l’association Geneatech a relancé les Généathèmes : chaque mois nous est proposé un thème d’écriture pour nous inspirer et faire vivre nos blogs. Le thème de juin 2021 est : Histoires d’argent.

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Lorsque j’ai pris connaissance de ce thème, la première chose qui m’est venue à l’esprit, ce sont les impôts. Et il se trouve que j’ai récemment trouvé deux actes notariés évoquant le rôle particulier qu’ont joué certains de mes ancêtres dans la perception de la dîme. Les puristes me rétorqueront que la dîme était versée en nature et non en argent, mais je suis sûre que les gentils organisateurs de Geneatech ne m’en tiendront pas rigueur !

Je vous emmène donc au bourg de Mhère (58) le 20 juin 1756, où nous accompagnerons le notaire royal résidant à Lavault, paroisse de Brassy (58).

Pierre CHAPUIS et Pierre BEZAVE

En cette matinée du dimanche 20 juin 1756, Me GILLOT a rendez-vous avec Paul LEFIOT, contrôleur et procureur en charge des affaires de l’abbé de Corbigny, seigneur décimateur* dont la paroisse de Mhère dépendait alors.

*Le décimateur était celui qui avait le droit de lever la dîme (impôt en nature prélevé par l’Église sur les productions agricoles).

Vente BEZAVE-LEFIOT à Mhère – 1756 – AD58

Sont aussi présents Pierre CHAPUIS et Pierre BEZAVE, tous les deux marchands, le premier au bourg de Mhère, et le second au village d’Enfert. Pierre BEZAVE est mon ancêtre, SOSA 834 de mon fils.

Paul LEFIOT leur cède, pour une année seulement, sa part et portion des grains provenant des dîmes de la paroisse, moyennant la somme de 200 livres et 4 poulets. Les deux hommes règlent comptant 48 livres et s’obligent à payer les 152 livres restantes le 10 novembre suivant, et à livrer les 4 poulets à la fête de Saint Jean.

Par cette opération, ils déchargent Paul LEFIOT des « hauts temps » (des intempéries) telle que la grêle ou autre, ainsi que de la taille qui pourrait être imposée sur les grains.

Léonard, Dominique et Antoine CLEMENT

L’après-midi de ce même dimanche, Me GILLOT se rend à la maison curiale, où il a rendez-vous avec le curé de Mhère, Georges MOREAU. Sont aussi présents Léonard CLEMENT (SOSA 1684), laboureur au village de Domont, et ses deux fils Dominique (SOSA 842) et Antoine.

Bail MOREAU-CLEMENT à Mhère – 1756 – AD58

Il est à nouveau question de dîme : le père MOREAU baille pour le terme de neuf années la dîme de tous les grains qui se perçoivent au village de Domont, moyennant 36 boisseaux de seigle (estimé à 20 sols le boisseau), 3 boisseaux de froment (à 40 sols) et 10 boisseaux d’avoine (à 10 sols) par an. Il est cependant convenu que la deuxième et la troisième années seront réduites à 24 boisseaux de seigle avec le froment et l’avoine.

Les paiements auront lieu chaque année à la Saint Martin d’hiver : les grains seront charroyés aux frais des CLEMENT, bien vannés et estapés. Le curé ne sera tenu d’aucun « hauts temps », c’est-à-dire de gel, grêle ou autre. Les CLEMENT s’obligent également à charroyer le foin du pré de la Croix, appartenant au Sr MOREAU, sur ses fenils pendant toute la durée du bail.

L’affermage de la dîme

Ces deux actes nous permettent d’entrevoir certaines pratiques de l’époque, relatives à l’affermage de la dîme. Cet impôt sur les récoltes, prélevé par l’Eglise (ici le curé de Mhère et l’abbé de Corbigny, qui se partageaient probablement cet impôt sur la paroisse) était souvent affermé à des particuliers.

Les curés n’avaient en effet pas tous les moyens d’assurer la collecte, ils se reposaient donc sur certains de leurs paroissiens pour le faire : ces derniers étaient chargés de la collecte, pour une ou plusieurs années, sur tout ou partie du territoire. En échange, ils en gardaient une partie : ici les CLEMENT s’engagent à porter 49 boisseaux de grain au curé, le surplus des récoltes leur est acquis. Mais à l’inverse en cas de dégâts à cause de la météo, ils servent d’assurance au curé !

Ces deux actes me montrent à quel point j’en sais peu sur ce thème : comment le curé et l’abbé se répartissaient-ils la dîme ? Mes ancêtres ont-ils été bénéficiaires, et si oui de combien, pendant les années où la dîme leur a été affermée ? Voilà encore de bien belles perspectives de recherches !

6 réflexions sur “#Généathème : histoires d’argent

  1. brigittesnejkovsky

    Les impôts c’est une histoire d’argent, bien sûr. De toute façon, une grande partie de nos ancêtres n’avaient pas vraiment de monnaies sonnantes et trébuchantes dans leurs coffres 🙂

    Voici un nouveau thème de recherches pour toi, je suis sure qu’ensuite tu nous partageras toutes tes découvertes 🙂

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