Généathème : les délibérations municipales de Saint-Martin-Château (23)

Sophie du blog La gazette des ancêtres nous propose chaque mois un Généathème pour nous donner des idées de publication. En février, elle nous invite à nous pencher sur une source trop peu explorée : les délibérations municipales.

En faisant le tour des départements dans lesquels ont vécu mes ancêtres aux XIXe et XXe siècle, je me rends compte que bien peu ont mis en ligne leurs délibérations municipales. Je me retrouve à devoir choisir entre Reims et la Creuse. La seule idée de me confronter aux délibérations d’une ville comme Reims pour essayer d’y retrouver une trace de mes très modestes ancêtres me paraît aussi insurmontable que la recherche d’une aiguille dans une botte de foin ! Je fais donc très vite le choix de me tourner vers la Creuse, et c’est donc à Saint-Martin-Château (23) que je vous emmène aujourd’hui.

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L’église de Saint-Martin-Château – collection personnelle

Point de trace de mes ancêtres…

Malheureusement le fait de travailler sur une petite commune ne suffit pas à apporter pas une garantie de résultat. Et rien ne sert de faire durer le suspense, je peux d’ores et déjà vous annoncer que je n’ai trouvé aucune trace de mes ancêtres. J’ai parcouru les délibérations municipales de Saint-Martin-Château pour les périodes 1839-1847, 1847-1867, 1882-1888 et 1888-1904, sans succès. Aucune mention de mes CHAMPEAU !

Mais cette lecture en diagonale m’a toutefois permis d’identifier les grandes préoccupations du conseil municipal de la commune :

  • L’instruction publique occupe une très grande place dans les délibérations, du traitement des instituteurs et institutrices au chauffage des classes, en passant par la construction d’une nouvelle maison d’école. Un élément aurait pu être intéressant pour ma généalogie : il s’agit de la liste des enfants pauvres bénéficiant d’une scolarité gratuite, au nombre de cinq ou six chaque année… mais mes ancêtres n’en ont pas fait partie.
  • Chaque année, le conseil examine le dossier des jeunes conscrits demandant à être désignés « soutien de famille » et qui seront à ce titre dispensés de service. Là encore, aucun de mes ancêtres ne s’est trouvé dans cette situation sur la période examinée.
  • Le service postal est aussi un sujet de préoccupation constante pour la commune. Il semble que le service n’était pas à la hauteur des attentes et le conseil réclame régulièrement d’être mieux desservi (par la création d’un nouveau bureau des Postes, en étant desservi par un bureau différent, en revoyant les tournées, etc.).
  • Enfin reviennent souvent sur la table des considérations liées à l’entretien des chemins vicinaux, de l’église et du cimetière. De manière générale le budget de la commune est très limité… Le conseil est également consulté à plusieurs reprises au sujet de l’organisation de foires et marchés dans les villages alentours.

Voici en ce qui concerne les thèmes récurrents. Mais je vais à présent m’attarder sur trois entrées plus anecdotiques.

Et si on changeait de nom ? (ou pas)

La première délibération que je vais vous présenter date du 15 novembre 1885 (vue 62/99). J’avoue qu’elle m’a fait sourire, non pas par son contenu mais par le fait qu’elle soit restée sans suite.

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« 3e délibération – Sur la proposition de Monsieur le Maire
Le Conseil Municipal
Considérant que pendant la république de 1793 qui a émancipé nos pères, la commune de St Martin Château s’appelait Montagne sur Maude ;
Considérant qu’un grand nombre d’habitants de cette commune verraient avec plaisir le changement de Saint Martin Château en celui de Montagne sur Maude ;
Emet le voeu, à l’unanimité qu’à partir du premier janvier 1886, Saint Martin Château soit appelé Montagne sur Maude.
Ainsi fait et délibéré, le jour mois et an que dessus. »

Plus aucune mention ne sera faite de ce changement de nom dans les délibérations, ni le 1er janvier 1886, ni avant, ni après. Voilà qui sera resté un vœu pieu ! Je ne sais pas si la proposition a été retoquée à plus haut niveau ou s’ils se sont finalement réveillés le lendemain matin en se disant que ce n’était pas une si bonne idée que cela, mais le fait est qu’on n’en entendra plus jamais parler…

Un détournement de tombes

La deuxième anecdote date du 26 février 1893 (vue 50/203). Il s’agit là d’une affaire sérieuse (ou pas) vu qu’il y a eu détournement de tombes !

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« 2e Délibération. Les mêmes membres sont présents
Le Président fait connaître à l’assemblée municipale que des faits exposés par un membre du Conseil lors de la dernière réunion, faits qui ont été vérifiés et reconnus exacts, il résulte que Mr le curé de Saint-Martin-Château s’est approprié sans autorisation et pour un usage personnel diverses tombes appartenant au cimetière communal.
L’usage auquel ces tombes ont été employées ne permettant pas leur restitution, Mr le curé a offert d’en payer la valeur et s’est obligé à cet effet, à faire exécuter à ses frais aux murs du cimetière, dont une partie est en ruine, diverses réparations estimées à la somme de 50 francs.
Le Conseil municipal
A l’unanimité accepte l’indemnité offerte par Mr le curé et dit que les réparations à exécuter à ses frais devront être terminées dans le plus bref délai possible.
Fait et délibéré, en séance, à la Mairie, les jours, mois et an susdits. »

Laissez à présent place à votre imagination pour deviner ce que le curé a bien pu faire de ces tombes, car l’histoire ne le dit pas !

Une histoire d’aliénés

La dernière mise en lumière est malheureusement plus sérieuse, et concerne les voisins directs de mes ancêtres, dans le hameau de Fusinat. Les faits datent du 15 août 1899 (vue 130/203).

« Deuxième délibération – Même séance ;
Les mêmes membres sont présents
Le maire expose que le sieur Brunet (Jean) époux de Marie Truffinet, né à Saint-Martin-Château, le 14 7bre 1864, et domicilié au hameau de Fusinat en cette commune, a été, dans le courant du mois de juin dernier, et par suite d’excès alcooliques, subitement atteint, à Lyon où il exerçait sa profession de maçon, d’aliénation mentale, de forme très grave et de nature à compromettre la sécurité publique ;
Que ses parents l’ayant fait ramener au pays natal, durent, en présence de ses violences qui constituaient un danger pour sa famille, le placer immédiatement à l’asile de Naugeat (Haute-Vienne) où il est actuellement en traitement ;
Que Brunet ne possède absolument rien et se trouve dans un état d’indigence complète ;
Que sa femme et sa famille avaient pu jusqu’à ce jour, en s’imposant de grands sacrifices et des privations payer les frais de sa pension et de son traitement à Naugeat ;
Que Mr le Directeur de l’Asile leur ayant réclamé pour le mois de juillet dernier, le payement d’une somme de 113 fr. 30c dans laquelle se trouve comprise une somme de 40 fr. pour objets détruits par le malade, ils se trouvent dans l’impossibilité de pouvoir payer cette somme
Qu’ils ont été mis en demeure de retirer de l’asile le sieur Brunet qui est toujours dans le même état, ou qu’en cas de non payement le malade serait rendu à la liberté ce qui serait un danger public ; ou qu’enfin la famille eût à se pourvoir immédiatement auprès de l’administration pour le faire maintenir d’office comme indigent.
Le Conseil municipal
Considérant que le malade est dans l’indigence, et que sa famille est dans l’impossibilité de payer sa pension à Naugeat, que d’autre part il y aurait danger réel pour la sécurité publique et en particulier pour celle de sa famille, à retirer ce malade de l’asile où il est placé ;
A l’unanimité prie Mr le Préfet de vouloir bien ordonner d’office le maintien du sieur Brunet à l’Asile de Naugeat à la charge du département et de la commune, pour une année, et que la part contributive de la commune dans cette dépense sera inscrite au budget additionnel de l’exercice 1900.
Ainsi fait et délibéré, en séance à la Mairie, les jour, mois et an susdits. »

Ce cas n’est malheureusement pas isolé, le budget de la commune était régulièrement amputé d’une somme pour l’internement des aliénés indigents de la commune à Naugeat. Fusinat étant un tout petit village, cette histoire a dû faire grand bruit à l’époque et affecter mes ancêtres qui étaient voisins directs des BRUNET.

Pour conclure

Même si je n’ai pas réussi à trouver de trace directe de mes ancêtres dans les délibérations municipales de Saint-Martin-Château, ces recherches m’ont permis de mieux cerner leur environnement et de dénicher quelques belles anecdotes. Alors merci Sophie !

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