Je profite de ce challengeAZ 2019 pour vous présenter la branche de mon conjoint originaire de Condé-sur-l’Escaut (59). Pour cette lettre N, je vais vous parler de Nicolas FLAMME.
J’ai déjà évoqué Nicolas FLAMME, qui exerce le métier de cordonnier, dans mon article de la lettre F. Je vous ai présenté ses parents, sa naissance le 6 mars 1687, son mariage avec Marie Barbe CHADAR (ou JADAR) le 28 septembre 1706 (ainsi que leur contrat de mariage) et le partage avec ses frère et sœur en 1717. Ici je vais m’intéresser à la deuxième partie de sa vie.
Son mariage avec Marie Barbe CHADAR
Du mariage de Nicolas FLAMME avec Marie Barbe CHADAR en 1706 vont naître dix enfants : Jean Baptiste (1708-1771), Marie Jeanne Joseph (1710-1787), Antoine (1713-<1727), Anne Marie Joseph (1715), Agnès Joseph (1717-<1727), Guillaume Joseph (1719-1721), Françoise Joseph (1722), Antoine Joseph (1724-1727), Marie Joseph (1726-1726) et Fidèle Ange Valentin (1727-1727). Le taux de mortalité infantile est effrayant : des dix enfants, seuls quatre survivront…
On en apprend plus sur la situation du couple au travers des actes notariés :
Le 9 novembre 1719, Guillaume THIBAUT loue pour trois ans à Nicolas FLAMME « une maison et heritage comme elle se contient gisant en la grande rue de cette ville » pour un loyer annuel de 30 écus de 48 patars. Il cède également à Nicolas « le droit du poid de la ville ainsy que led Thibaut l’a loué de M. Deshaubois pour trois ans a commencer dud jour St Remy pour le prix de soixante une livres par an aud S Deshaubois, et dix livres s’ils se trouvent deubs aux charbonniers aussy par an outre les frais de criée que led Thibaut a avancé montans a trente huit patars. »

Nicolas devient ainsi pour trois ans fermier en charge de percevoir pour la ville de Condé le droit du poids : toutes les marchandises qui se vendaient au poids, comme par exemple les drogueries et épices, y étaient soumises.
Le 13 novembre 1719, Nicolas met en location pour trois, six ou neuf ans au profit d’Alexandre DUGAUGUIER « une maison et heritage le lieu comme il se contient gisant en cette ville rue au beur » pour un loyer de 14 écus de 48 patars chaque année (vous aurez reconnu la maison dont je parlais dans ma lettre F échue à Nicolas lors du partage). Je vous laisse admirer la marque par laquelle Alexandre DUGAUGUIER signe cet acte… mon petit doigt me dit que lui aussi était cordonnier tout comme Nicolas !

Le 27 février 1723, le bail est renouvelé pour trois ans, mais les termes de paiement ont été quelque peu modifiés : « Nicolas Flamme et Marie Barbe Jadart sa femme bourgeois de cette ville » louent à Alexandre DUGAUGUIER et Marie COUSSY son épouse « une petite maison et heritage le lieu comme il se contient gisant en cette ville rue Barbe. » Le loyer annuel de 14 écus de 48 patars « se payera en entier a mons. Descornaix en acquit dud Flamme. » Nicolas FLAMME ne pourra pas toucher au loyer, que ce soit pour les réparations ou pour la rente due sur la maison, et ne pourra « aucunement autrement disposer de lad maison. » Quant à moi, je continue d’être en admiration devant les marques utilisées en guise de signature !

Et puis le 7 juin 1727, Marie Barbe CHADAR, l’épouse de Nicolas, décède des suites de l’accouchement de son dixième enfant, à l’âge de 37 ans.
Son remariage avec Marie Anne Joseph FONTAINE
Nicolas se remarie avec Marie Anne Joseph FONTAINE dès le 6 août 1727.

« Le six aoust 1727 aprest la publication d’un ban veu la dispense de deux autres accordé par son altese mseigneur l’archeveque signé de monsr Lalou vicaire general ont esté par nous mariez aprest que nous avons eu pri leur consentement mutuel et aïant recu de nous la benediction nuptialle Nicolas Flame de cette paroisse agé de 38 ans de son style cordonnier et Marie Anne Joseph Fontaine aussi de Condé agée de 28 ans fille de Jean Baptiste et Marie Anne Joseph Lebrun aussi de Condé assistez de Jean Baptiste Fontaine Paquet Flame et Jean Baptiste Fontaine frere tesmoins tous de cette paroisse lesquels ont signé de ce interpellés »
Ils ont établi un contrat de mariage le 28 juillet. Son frère et sa sœur l’accompagnent devant le notaire.
« A l’honneur de Dieu et de notre mere la Sainte Eglise catholique, apostolique et romaine, le traité et convention de mariage se fait et conclud entre Nicolas Flamme, Me cordonnier demeurant en cette ville, veuf avec enfans de Marie Barbe Jadar, assisté de Pasquez Flamme et de Catherine Flamme, femme à Jean Degages, ses frere et sœur, d’une part, et Marie Anne Joseph Fontaine, fille majeure, assistée de Jean Baptiste Fontaine et de Marie Anne Joseph Lebrun conjoints, ses père et mere demeurants en lad ville, d’autre part »
Les apports des futurs époux ne sont pas décrits. Le survivant sera héritier universel du prémourant. « Et comme ledit Nicolas Flamme, futur espoux, est veuf, comme dit est, de Marie Barbe Jadar, de qui il a retenu cinq enfants vivans, nommés Jean Baptiste, Marie Jeanne, Anne Marie, Francoise et Antoine Flamme, a qui compte et apartient le droit de legitime et formorture » , ils conviennent de leur donner à chacun 5 livres Hainaut, « en les nourrissant, allimentant, vestissant et faisant apprendre un mestier convenable a leur intention et capacité, et les faisant aller a l’escole pour apprendre les principes de la religion catholique, a lire et escrire, jusqu’au dit age de dix huit ans, et de les niper et vestir lors comme a leur estat convient. » Pasquier FLAMME et Jean Baptiste FONTAINE sont nommés mambours.

La donation à son fils aîné
Le 28 janvier 1730, Nicolas et Marie Anne FONTAINE effectuent une donation au profit de Jean Baptiste, le fils aîné du premier mariage de Nicolas alors âgé de 21 ans. Les raisons invoquées sont les suivantes : « pour les bons et agreables services qu’ils ont et porte pour Jean Bapte Flamme leur fils et beau fils, qui leurs a rendu et ceux qu’ils esperent qui luy rendera par la suitte. » La donation est composée des meubles et effets ci-après : « une garderobe de bois de chesnes, une dresse à deux porte de bois aussy de chesnes, deux licts de plumes, un matelat, une pailliasse, deux bois de licts dont un garny de gourdinne rayez, deux travers et trois oreilliers de plumes, quatre couverte de laine dont deux verde, une blanche et une jaune, quatre paires de draps, cinq toyes, un coffre garny de fer, trois demoitiés de cuirs fort, quatre grands plats d’estains, quatre moien plats d’estains, et huit assiettes aussy d’estains, un pot de chambre d’estain, dix grands plats et dix pots de galeres, une bar a pot. »

Cette donation me paraît un peu étrange : au vu de la liste, il est probable que tous les meubles du couple soient inclus, ou sinon il ne doit pas en manquer beaucoup. Or Jean Baptiste n’est pas le seul enfant en vie de Nicolas… Une explication possible est que Jean Baptiste a en effet beaucoup aidé ses parents, y compris financièrement, suite à une maladie de sa belle-mère ?
En effet le deuxième mariage de Nicolas ne durera pas longtemps, car Marie Anne Joseph FONTAINE décède un mois plus tard, le 1er mars 1730, à l’âge de 31 ans.
Son remariage avec Jeanne DELSARTE
Nicolas se marie une troisième fois avec Jeanne DELSARTE (sans doute à Thivencelle, dont les registres ne commencent qu’en 1737), avec qui il a établi un contrat de mariage le 14 octobre 1730.
« A l’honneur de Dieu et de nostre mere la Sainte Eglise, le traitté et convention de mariage se fait entre Nicolas Flamme bourgeois et maitre cordonnier de cette ville veuve en premiere nopce de Marie Barbe Jadar, et en seconde de Marie Anne Fontaine, assisté de Pasquier Flamme son frere, et de Catherine Flamme sa soeure d’une part, et Jeanne Delsarte jeune fille à marier, assisté d’Erneste Delesart son père et de Louis Delesart son frere demts à Thivencelles d’autre part »
Comme lors du précédent contrat, les apports des futurs époux ne sont pas décrits. Les parents DELSART leur donnent 100 écus de 48 patars pièce.
« Ayant led Flamme declaré avoir retenu de sa premiere femmes quatre enfans nommés Jean Baptiste et Marie Jeanne Flamme ausquels il a declaré leur avoir fourny leur fourmourture et legitime et Anne Marie Flamme agée de quinze ans ou environ, et Francoise Flamme agée d’environ dix ans » , ils promettent de donner à chacune des deux dernières 5 livres de fourmourture et légitime et « de les nourrir entretenir et allimenter jusques a l’age de dix huit ans en les faisant aller à l’ecole ou apprendre un mestier. »
Le survivant sera héritier universel des meubles et viager des immeubles. Pasquier FLAMME est renouvelé en tant que mambour.

Epilogue
Nicolas FLAMME décédera à son tour le 2 juin 1733 à l’âge de 46 ans (la page du registre correspondante est manquante).
La raison de cette hécatombe n’est pas très claire pour moi, même s’il y a un possible lien à faire avec la pandémie de grippe qui a sévi de 1729 à 1733 (le décès de 1727 étant a priori une suite de couches).

J’aime beaucoup ta frise !
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Merci Solène, faite avec frisechronos 😉
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Je rejoins Solène, la frise est magnifique. Intéressant le lien avec l’épidémie de grippe. Beau travail que cet article!
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Merci beaucoup ! Ca reste une spéculation, malheureusement les curés sont rarement loquaces sur les causes de décès 🙄
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C’est vrai que c’est étonnant ces décès si rapprochés… ton hypothèse de la pandémie de grippe est fort probable… Bravo pour la frise, je vais peut-être tester ton appli 😉
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Merci Delphine. J’ai découvert Frisechronos grâce à Geneatech, c’est super facile à prendre main.
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De vrais petits trésors ces marques de signatures pour tes cordonniers !! Merci pour ces intéressantes lectures. Très instructives aussi !! cf.mambour 🙂
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Oui c’est trop mignon ! Merci à toi pour tes fidèles lectures.
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Oh là là extraordinaires signatures parlantes, et bonne idée que la frise.
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Merci Fanny pour tes fidèles lectures !
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