B comme Boulanger : Jean Louis PLAQUET

Je profite de ce challengeAZ 2019 pour vous présenter la branche de mon conjoint originaire de Condé-sur-l’Escaut (59). Pour cette lettre B, je vais vous parler d’un maître boulanger nommé Jean Louis PLAQUET (et d’une maison située Grande Rue à Condé). 

Un boulanger originaire de Crespin (59)

Jean Louis est fils de Michel PLAQUET et Marguerite SOHIER, cultivateurs résidant à Crespin (59), rue du Moulin. On retrouve le couple dans les dénombrements de Magalotti de 1693 (en ligne sur Gallica – vue 243) et 1700 (en ligne sur patrimoine-numerique.ville-valenciennes.fr – vue 398).

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Michel PLAQUET dans les dénombrements de Magalotti

En 1693, le couple, sans doute nouvellement marié car il n’y a pas d’enfant dans le foyer, vit avec une femme (probablement la mère de l’un d’eux). Ils ont trois chevaux et neuf bêtes à cornes. Ils vont s’enrichir dans les années suivantes : en 1700, ils ont un valet, une servante, neuf chevaux et onze bêtes à cornes. Quatre enfants sont nés.

Jean Louis PLAQUET, qui va nous intéresser dans la suite de cet article, naît quelques temps après ces dénombrements, le 2 avril 1706 à Crespin.

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Baptême de Jean Louis PLAQUET à Crespin – 1706 – AD59

« Le 2 avril 1706 fut baptisséz Jean Louis Plaque fils a Michel et a Marguerite Sohier parin Jean Baptis Godin marine Marie Barbe Doÿe »

Par la suite, il deviendra boulanger. Il résidera notamment à Valenciennes (59), paroisse Saint Gery.

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Crespin, Valenciennes et Condé sur la carte Cassini – Géoportail

Son mariage avec Marie Toussaint LABOURIAU

C’est suite à son mariage que Jean Louis PLAQUET arrive à Condé-sur-l’Escaut : il y épouse Marie Toussaint LABOURIAU le 2 juin 1739.

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Mariage PLAQUET-LABOURIAU à Condé – 1739 – AD59

« L’an mille sept cent trente neuf le deux de juin apres la publication de trois bans tant dans cette paroisse que celle de Saint Gery a Vallenciennes, ont esté par nous mariez apres que nous avons eu pris leur consentement mutuel et ayans recu de nous la benediction nuptiale Jean Louis Plaquet de la paroisse de Saint Gery a Vallenciennes agé de trente trois ans de son metier boulanger, fils de feux Michel Plaquet et Margueritte Sohier en leur vivant habitans du village de Crespin d’une part ; et Marie Toussaint Labouriaux de cette paroisse agée de vingt cincq ans fille de feux Antoine Labouriaux et de Margueritte Donné d’autre part ; assistez de Pierre Joseph Lalain, Antoine Giliot, Marie Toussaint Tranchant Marie Jeanne Demarque tesmoins tous de cette paroisse lesquels ont signé de ce interpellez »

Quelques semaines plus tard, le 20 juin 1739, le couple se présente devant le notaire afin de rédiger un testament :

« Jean Louis Placquet, et Marie Toussains Labouriau conjoins, demeurant en la ville de Condé n’aÿant fait aucuns contract de mariage et desirant de disposer des biens dont la divine providence poura les combler dans le cours de leurs establissement, estant l’un et l’autre, en parfaitte santé, et sains d’espris » dictent le testament suivant.

« Ils recommendent leurs ames a dieu leur createur, le supliant qu’il veulle les recevoir, lors qu’il luy plaira de decider de leurs sors, au nombre des biens heureux. » Le dernier vivant sera héritier universel des biens meubles, à charge des frais funéraires et dettes du pré-mourant. S’ils ont des enfants, le partage de leurs biens se fera selon la loi ; s’ils n’en ont pas, les biens immeubles retourneront pour moitié du côté des PLAQUET et pour moitié du côté des LABOURIAU.

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Testament PLAQUET-LABOURIAU à Condé (signatures) – 1739 – AD59

Le couple s’installe à Condé où ils auront onze enfants, dont seuls deux atteindront l’âge adulte : Antoine Joseph (1740-1743), Jeanne Joseph (1741-1743), un enfant sans vie (1742-1742), Marie Toussaint Joseph (1744-1744), Jean Baptiste (1745-1745), Marie Anne Joseph (1746-an IV), Guillaume Joseph Fidèle (1747-1748), Pierre François Joseph (1749-1817), Jacques Joseph (1751-1752), Marie Marguerite Joseph (1752-1752) et Jacques François (1753-1754).

C’est à cette période, et plus exactement le 15 décembre 1756, que Jean Louis PLAQUET fait l’acquisition d’une maison et héritage situés Grande Rue à Condé « sur recours que les nommés Verdun ont fait tenir a l’hôtel de ville de Condé. » La vente sera consignée dans un chirographe en parchemin, que je n’ai malheureusement pas en ma possession.

Marie Toussaint LABOURIAU, sans doute épuisée par ses nombreuses grossesses et ces deuils à répétition, décède à Condé le 10 mai 1758 à l’âge de 44 ans.

Son remariage avec Marie Catherine THIRY

Jean Louis PLAQUET se remarie à l’âge de 56 ans avec Marie Catherine THIRY, le 5 octobre 1762 à Condé. Originaire de Morialmé (province de Namur en Belgique), cette dernière a 53 ans et n’a jamais été mariée : il semble que le curé trouve ça louche, donc il a pris toutes ses précautions pour être sûr de ne pas faire de bévue.

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Mariage PLAQUET-THIRY à Condé – 1762 – AD59

« L’an mil sept cent soixante deux le cinq du mois d’octobre après la publication de trois bans dont la derniere faite le trois dudit mois et an, apres avoir pris leurs consentements mutuel et vu l’act de liberté donné par Mr Dubrulle curé de St Waast a Vallencienne legalisé de Monsieur Malotan prévost jurés de laditte ville de Valenciennes confirmé par Mr de Ruy vicaire generale et Pechena secretaire du diocese d’Arras en datte du six avril mil sept cent quarante six, ont été par nous mariés Jean Louis Plaquet de cette paroisse veuf de Marie Toussaint Labouriau d’une part et Marie Catherine Thiry natif de la paroisse de Moriamé dioceze de Liege agé de cinquante trois ans, fille legitime de Gille et d’Ernestine Mahon son epouse comme il nous conste par son extrait de bapteme signé de Mr Philippet curé de laditte paroisse et contresigné en legalisation de Mr Wantier greffier admis et sermenté de la haute cour et justice de Moriaméz après nous avoir en outre assuré de sa liberté par serment fait en presence des quatre temoins soussignés, d’autre part assisté de Philippe Jos. Filez, de Jean Bte Flamme, de Jacque Pisnier et d’Emmanuel Desier, tous temoins de cette paroisse lesquels ont signés »

Le couple a auparavant fait établir un contrat de mariage le 28 septembre 1762 devant Me MARCHAND, notaire à Condé :

« Entre Jean Louis Plaquet Mre boulenger de cette ville de Condé, et veuf avec enfans de ses premieres noces de Marie Toussaint Labourieau d’une part, Marie Catherine Thiry, fille libre de condition de defunts Gilles et d’Ernestine Masson natif de Moriamé pres Philippesville, d’autre part »

Les apports des futurs époux ne sont pas décrits. Mais étant donné que Jean Louis PLAQUET a « retenu de ses premieres noces deux enfans vivans tels que Marie Anne Joseph et Pierre François Joseph Plaquet auxquels compte et appartient un droit de legitime et fourmorture », cette fourmorture est fixée à 100 livres Hainaut. La future épouse s’engage à « les nourrir allimenter et entretenir suivant leur etat et condition en les faisans instruire en la religion catholique apostolique et romaine et apprendre a lire ecrire et un metier convenable a leur capacité. » Pour régler la maisneté mobilière due au plus jeune enfant, un inventaire estimatif sera réalisé (il n’est malheureusement pas attaché au contrat).

(N’hésitez pas à aller relire l’article « A comme » pour le vocabulaire spécifique !)

Le survivant des époux sera héritier universel des biens meubles et viager des immeubles, à charge pour lui de payer les obsèques.

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Contrat de mariage PLAQUET-THIRY (signatures) à Condé-sur-l’Escaut – 1762 – AD59

Bien entendu, vu leurs âges respectifs, le couple PLAQUET-THIRY n’aura pas d’enfant.

Un contrat de location

Le 23 décembre 1768, Jean Louis PLAQUET et son épouse louent la maison qu’ils possèdent dans la grande rue à Condé à un jeune garçon boulanger qui s’apprête à se marier :

« Furent presens Jean Louis Plaquet maitre boulenger de cette ville et Catherine Thiery sa femme lesquels ont cedé et accordé a titre de bail et louage, et pour le terme et espace de neuf années consecutives et ensuivantes […], a Albert Joseph Delcourt garcon boulenger demeurant en cette ville et Marie Anne Joseph Basset […], une maison et heritage scituée en cette ville en la grande rue tenante a Antoine Deliers a Bargibant, et parderriere a l’hotel de ville »

Le loyer annuel est fixé à 40 écus à 48 patars pièce. Le locataire s’engage à bien entretenir les vitres, clés et serrures de la maison. Son frère Paul DELCOURT se porte caution pour le paiement des loyers « jusqu’à consomation de leur mariage. » (Les archives confirment que le jeune couple s’est marié quelques semaines plus tard, le 10 janvier 1769 à Condé)

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Bail PLAQUET-DELCOURT (signatures) à Condé-sur-l’Escaut – 1768 – AD59

Epilogue et succession

Jean Louis PLAQUET, toujours maître boulanger, décède à Condé le 2 août 1779 à l’âge de 73 ans.

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Décès de Jean Louis PLAQUET à Condé – 1779 – AD59

« L’an mil sept cent soixante neuf le deux d’août à sept heures du soir est decedé Jean Louis Plaquet agé de soixante quatorze ans, maitre boulanger de son stile, epoux en secondes noces de Marie Catherine Thieri et le lendemain fut inhumé en presence des temoins soussignés. »

La succession, en ce qui concerne la maison située Grande Rue à Condé et achetée en 1756, sera réglée quatre ans plus tard, au printemps 1783. Les deux enfants vivants de Jean Louis, Marie Anne Joseph (épouse d’Etienne Joseph LACQUET) et Pierre François Joseph (époux de Marie Thérèse DUBREUCQ), comparaissent alors devant l’échevinage de Condé.

« Etienne Joseph Lacquet Me chapelier aud Condé et Marie Anne Jos Placquet son epouse et Pierre Louis Plaquet de même residence » vendent au plus offrant « une maison et heritage située en cette ville, grande Rue […], occuppée sans bail par Pierre Plaquet. » La maison est grevée de deux rentes : une de 30 patars réduite à 12 due aux pauvres, et une autre de 100 livres Hainaut au denier vingt due aux héritiers de Jean Baptiste GUENIN. L’adjudicataire devra payer 29 florins 7 patars et 1 liard pour les frais d’autorisation et de vente. « On previent l’acquereur que les ferailles du four de lad maison appartiennent a Pierre Louis Plaquet qui sera libre a ce dernier de les enlever, sauf a convenir avec lui pour les laisser existantes. »

Le recours se tient à l’hôtel de ville de Condé le 30 avril 1783, « onze heures du matin et après son de cloche. » La maison est attribuée pour 2222 livres Hainaut à « Pierre Plaquet boulanger en cette ville, a la caution d’Etienne Lacquet de même residence » : Pierre a donc décidé de racheter à sa sœur sa part dans la maison !

Un mois plus tard, le 24 mai, Pierre Joseph PLAQUET comparaît à nouveau pour verser la moitié du prix convenu, soit 1111 livres Hainaut (l’autre moitié lui appartenant) entre les mains du mayeur. Etienne Joseph LACQUET et Marie Anne Joseph PLAQUET comparaissent également pour se déshériter de leur moitié de maison. Pierre Joseph en est adhérité « pour avec Marie Therese Jos Dubreucq son epouse en jouir et disposer ensemble. »

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Vente PLAQUET à Condé – 1783 – Archives Municipales

Et pour terminer, qui dit achat immobilier dit financement : le même jour (24 mai 1783), Pierre Joseph PLAQUET et son épouse Marie Thérèse DUBREUCQ constituent une rente héritière de 60 livres Hainaut au denier vingt sur la maison, au profit d’Anne Joseph BEAURY, veuve d’Hubert MARSIGNY, pour financer leur achat. Le capital de 1200 livres, versé par la veuve MARSIGNY, servira à couvrir le prix de l’acquisition et les frais relatifs, ainsi qu’ « une dette contractée pendant leurs conjonctions. »

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Rente PLAQUET-BEAURY à Condé – 1783 – Archives Municipales

Ainsi se régla la succession de notre maître boulanger !

22 réflexions sur “B comme Boulanger : Jean Louis PLAQUET

    1. Oui j’ai lu avec intérêt vos deux premiers articles ! Ma lettre C concernera également un métier (mais c’est un hasard de l’alphabet, je n’en ai pas fait mon thème). Merci pour la lecture et le commentaire !

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