Marie Jeanne et Marie Claire VIOT, destins de femmes

Je vais vous parler ici de deux des femmes de ma lignée cognatique (la branche que l’on remonte de fille en mère), par lesquelles je suis originaire des Ardennes : Marie Jeanne VIOT et sa fille Marie Claire.

Marie Jeanne VIOT, ses origines à Rocroi (08)

Marie Jeanne VIOT est la fille d’Antoine Quentin VIOT, manouvrier et voiturier, et de Marie Jeanne GALICHET. Elle naît le 17 messidor an XIII à Rocroi (08).

N
Naissance de Marie Jeanne VIOT à Rocroi – 1805 – AD08

« Du dix-sept messidor an treize de la République
Acte de naissance de Marie Jeanne Viot, née en cette commune le dix sept messidor, présent mois, à six heures du soir, fille de Antoine Viot, voiturier, et de Marie Jeanne Galichet, son épouse en légitime mariage, demeurant en cette commune. Le sexe de l’enfant a été reconnu être féminin ; on lui a donné en présence des témoins soussignés, les prenoms de Marie Jeanne. Premier témoin Jean Galichet, garçon brasseur, agé de quarante ans, oncle maternel de l’enfant, second temoin, Nicolas Viot, maçon, agé de quarante un ans, ami du pere de l’enfant, tous deux demeurant en cette commune. Sur la déclaration à moi faite par Antoine Viot père dudit enfant, qui a déclaré ne savoir signé et ont les témoins signé après lecture faite.
Constaté par moi maire de Rocroy, faisant les fonctions d’officier public de l’état civil soussigné. »

Marie Jeanne a deux grands frères : Louis (1796-1848) et André (1802-1847). Leur mère Marie Jeanne GALICHET décède le 22 avril 1806 à Rocroi à l’âge de 36 ans, alors que la petite Marie Jeanne n’a pas encore un an.

Antoine Quentin VIOT se remarie le 16 novembre 1808 à Bourg-Fidèle (08) avec Marie Nicole JENNESSON, qui lui donnera également trois enfants : Nicolas (1809-1810), Jean Baptiste (1810) et Marie Joseph (1813-1881).

Marie Nicole JENNESSON décède à son tour le 13 juillet 1827 à Rocroi à l’âge de 52 ans. Antoine Quentin VIOT, veuf pour la seconde fois, lui survivra près de quinze ans : il décédera le 17 décembre 1841 à l’âge de 74 ans.

La naissance de Marie Claire à Thin-le-Moutier (08)

On retrouve Marie Jeanne en 1834, lorsqu’elle accouche d’une petite fille de père inconnu, prénommée Marie Claire. Marie Jeanne est alors âgée de 29 ans. Elle est domestique à Rocroi, mais c’est à Thin-le-Moutier (08) qu’elle accouche, chez son oncle Jean Louis VIOT qui y est manouvrier.

Doit-on voir dans cet accouchement loin de chez elle, un rejet de la part de son père suite à sa grossesse « indésirable » qu’il a préféré cacher à son entourage ? C’est une possibilité que je n’exclus pas.

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Naissance de Marie Claire VIOT à Thin-le-Moutier – 1834 – AD08

« L’an mil huit cent trente quatre le seize juin à dix heures du matin : pardevant nous, Joseph Daparimont maire officier de l’état civil de la commune de Thin le Moutier canton de Signy l’Abbaye departement des Ardennes est comparu Jean Louis Viot, âgé de cinquante quatre ans, manouvrier demeurant à Thin-le-Moutier, lequel nous a déclaré que le quinze du mois de juin mil huit cent trente quatre à six heures du matin, Marie Jeanne Viot, sa nièce, âgée de vingt huit ans, domestique domiciliée à Rocroy, est acouchée dans la maison du déclarant située râd du Large au dit Thin-le-Moutier, d’un enfant du sexe feminin qu’il nous presente et auquel il donne les prenoms de Marie Claire. Lesdites déclaration et présentation faites en presence de Pierre Pitron, âgé de soixante dix ans propriétaire demeurant à Thin-le-Moutier et de Sieur Nicolas Beaudoin âgé de cinquante six ans, maréchal ferrant demeurant au dit Thin, et ont les témoins signé avec nous le present acte de naissance après qu’il leur en a été donné lecture, le déclarant a déclaré ne savoir signer de ce interppelé. »

Marie Jeanne retournera-t-elle à Rocroi après son accouchement ? Rien n’est moins sûr, car c’est ensuite à Reims (51) que je retrouve sa trace et celle de sa fille.

Le mariage de Marie Jeanne VIOT avec Achille DEMAI

Le choix de Reims n’est sans doute pas fortuit. En effet, André VIOT, un des frères de Marie Jeanne, s’y est installé quelques années auparavant en tant que charcutier ; il s’est marié à Reims en 1831.

Lors du recensement de 1836, Marie Jeanne est domestique chez Jean Baptiste et Marie Antoinette CAPITAINE, rentiers qui habitent la « Section de Vesle ». Je ne sais pas qui gardait alors la petite Marie Claire (probablement une nourrice) :

1836 Viot (Vesle p47)
Recensement de 1836 à Reims – Section de Vesle

Un an plus tard, en 1837, Marie Jeanne VIOT vit chez son frère André, faubourg de Vesle n°12. Elle épouse Achille DEMAI le 25 septembre 1837. Achille est tisseur et débitant de boissons ; c’est un enfant trouvé à la porte de l’hospice de Nesle (80) le 11 mai 1807… d’où son nom de famille « DEMAI » ou « de MAI ». Il a quitté peu de temps auparavant la Marine Royale, où il servait en tant que matelot de troisième classe. Le père de Marie Jeanne a fait le déplacement pour assister au mariage, sans doute soulagé que sa fille ait trouvé parti malgré tout…

1837-09-25 mariage de Mai-Viot
Mariage DE MAI-VIOT à Reims – 1837 – AD51

« L’an mil huit cent trente sept, le vingt cinq septembre, dix heures du matin, en l’une des salles de l’hôtel-de-ville ; sont comparus pardevant nous Louis Joseph Demaison, conseiller municipal de la ville de Rheims, faisant les fonctions d’officier de l’etat civil pour l’absence du maire, à défaut d’adjoint et pour l’empêchement du conseiller qui nous précède dans l’ordre du tableau;
Sieur Achille de Mai, âgé de trente ans, tisseur, demeurant à Rheims rue de la Magdelaine, élève du dépôt des enfants trouvés de l’hospice de Nesle réuni au dépôt de l’hospice de Péronne (Somme), trouvé à la porte dudit hospice de Nesle le onze mai mil huit cent sept, ainsi que le constate le procès verbal inscrit sur les registres de l’état-civil dudit Nesle, ledit jour onze mai, ce procès-verbal constatant aussi que le futur était alors nouvellement né ; d’une part.
Et Demoiselle Marie-Jeanne Viot, âgée de trente-deux ans, née à Rocroi (Ardennes) le vingt neuf juin mil huit cent cinq, sans profession, demeurant à Rheims faubourg de Vesle n°12, majeure, fille légitime de sieur Antoine Viot, voiturier, demeurant à Rocroi et de défunte Marie-Jeanne Galichet, décédée audit Rocroi le vingt deux avril mil huit cent six ; assistée de son père, lequel nous a déclaré consentir au présent mariage, d’autre part ;
Lesquels futurs époux nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entr’eux et dont les publications ont été faites à Rheims les dimanches vingt sept aoust dernier et trois du courant ; à cette fin chacun d’eux nous a remis les pieces que suivant la loi il doit produire, lesquelles sont pour le futur, 1° le procès-verbal qui lui tient lieu d’acte de naissance et constatant qu’il a été trouvé, nouvellement né, le onze mai mil huit cent sept, 2° le consentement au présent mariage donné à Péronne le deux du courant, par le membre de la commission administrative de l’hospice civil de Peronne, chargé de la tutelle des anfants-trouvés dudit hospice ; et pour la future 1° son acte de naissance ; 2° et l’acte de décès de sa mère ; toutes lesquelles pièces resteront ci annexées.
Aucune opposition au présent mariage ne nous ayant été signifiée ; faisant droit à ladite réquisition ; nous, officier de l’etat civil ; vu un congé définitif délivré au futur époux qui servait en qualité de matelot de troisième classe, dans la marine royale ; ledit congé en date à Brest, du premier mai mil huit cent trente six ; Après avoir fait lecture des pièces relatives à l’état des parties contractantes et aux formalités du mariage, ainsi que du chapitre du code civil sur les droits et devoirs respectifs des époux ; ledit sieur Achille de Mai, et ladite Demoiselle Marie Jeanne Viot, contractans, nous ayant fait l’un après l’autre la declaration formelle qu’ils veulent se prendre pour mari et femme ; avons prononcé, au nom de la loi, qu’ils sont unis par le mariage. Tout ce que dessus a eu lieu publiquement et en présence des sieurs 1e Charles Lefebure, âgé de trente-un ans, peigneur de laine, demeurant à Rheims rue Rouillée n°13 ; 2e Claude Dumas, âgé de trente sept ans, tisseur, demeurant à Rheims rue des Carmélites ; 3e Léonard Noël, âgé de trente deux ans, maçonn demeurant à Rheims, rue Neuve n°58 ; amis des époux ; 4e et André Viot, âgé de trente cinq ans, charcutier, demeurant à Rheims, faubourg de Vesle n°12, frère de l’épouse ; lesquels témoins nous ont attesté l’individualité et le domicile des contractants. Et de suite nous avons dressé le présent acte, que l’époux, le père de l’épouse et les témoins ont signé avec nous après lecture faite, l’épouse ayant déclaré ne savoir signer de ce interpellée. »

Achille et Marie Jeanne auront ensemble deux enfants : Jules André, né le 10 septembre 1838, et Achille Ferdinand qui naît le 14 février 1841. Malheureusement ce dernier décède à l’âge de 6 mois, le 11 août de la même année.

Après avoir vécu au 130 rue de Vesle, où ils résident lors de la naissance de leur aîné en 1838, la famille déménage au 1 rue Saint-Jean Césarée, où naît le second en 1841.

1841 Viot (3e p.94)
Recensement de 1841 à Reims – 1 rue St Jean Césarée

C’est là qu’Achille DEMAI s’éteint le 22 février 1843, à seulement 35 ans. Marie Jeanne ne se remariera pas. On peut ensuite la suivre grâce aux recensements : elle vit au 10 rue des Moulins en 1846, où elle héberge une ouvrière, Virginie CLAIRE, âgée de 15 ans. En 1851, elle a déménagé au 4 de la même rue.

1846 Viot
Recensement de 1846 à Reims – 10 rue des Moulins
1851 Viot
Recensement de 1851 à Reims – 4 rue des Moulins

Le mariage mouvementé de Marie Claire VIOT avec Louis Henri GUIETTE

La jeune Marie Claire VIOT épouse Louis Henri GUIETTE le 21 juin 1854 à Reims. Né le 12 septembre 1826 à Beaurieux (02), ce dernier est fils d’Henri André, menuisier, et de Marie Joseph Séraphie LAMOTTE, couturière en robe. Louis Henri est garçon boulanger ; il est réformé du service militaire. A leur mariage, il est domicilié à Asfeld (08) : je me demande à quelle occasion ils ont bien pu se rencontrer… sans doute avait-il des affaires à Reims ?

Ils ont auparavant établi un contrat de mariage devant Me PERCHE, notaire à Reims, le 20 juin 1854. Les minutes sont malheureusement lacunaires pour cette période, donc je n’en saurai pas plus.

1854-06-21 mariage GUIETTE Louis - VIOT Marie-Claire
Mariage GUIETTE-VIOT à Reims – 1854 – AD51

« L’an mil huit cent cinquante quatre, le vingt-un juin, onze heures du matin, en l’une des salles de l’hôtel de ville, sont comparus pardevant nous, Augustin Hubert Gilbert, adjoint au maire de la ville de Reims, faisant par délégation les fonctions d’officier de l’etat civil ;
Sieur Louis-Henri Guiette, âgé de vingt sept ans, né à Beaurieux, arrondissement de Laon (Aisne) le douze septembre mil huit cent vingt six, boulanger demeurant à Asfeld, chef-lieu de canton (Ardennes) majeur, fils légitime de Sieur Henri André Guiette, menuisier, et de Dame Marie Joseph Séraphie Lamotte, sans profession, domiciliés à Beaurieux ; d’une part ;
Et Demoiselle Marie-Claire Viot, âgée de vingt ans, née à Thin-le-Moutier, arrondissement de Mézières (Ardennes) le quinze juin mil huit cent trente quatre, couturière, demeurant à Reims, avec sa mère, mineure, fille naturelle de Dame Marie Jeanne Viot, veuve d’Achille Demai, revendeuse, demeurant à Reims rue des Moulins n°4 ; d’autre part ;
Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage projeté entre eux et dont les publications ont été faites à Reims les dimanches onze et dix huit juin présent mois ; à cette fin chacun des futurs nous a remis son acte de naissance ; le futur nous a remis en outre le certificat attestant que les publications ont eu lieu à Asfeld, sans opposition, les vingt huit mai dernier et quatre juin présent mois. Ces preuves ont été paraphées pour demeurer ci annexées.
Etaient présents et accompagnaient les futurs époux lesdits Sieur et Dame Guiette, ses père et mère, qui nous ont déclaré consentir au présent mariage. Ladite Dame Marie-Jeanne Viot, veuve Demai, mère de la future épouse, était aussi présente et assistait ladite future ; elle nous a aussi déclaré consentir au présent mariage et reconnaître formellement … la future pour sa fille naturelle.
Aucune opposition ne nous ayant été signifiée ; faisant droit à la réquisition des futurs, nous officier de l’état civil ; Attendu que le futur a été réformé du service militaire ce dont il a justifié ; Après avoir fait lecture des pièces relatives à l’état des parties contractantes et aux formalités du mariage ainsi que du chapitre du code Napoléon, sur les droits et devoirs respectifs des époux ; ledit Sieur Louis-Henri Guiette et ladite Demoiselle Marie-Claire Viot, contractants, nous ayant fait l’un après l’autre la déclaration formelle qu’ils se prennent pour mari et femme ; avons prononcé, au nom de la loi, qu’ils sont unis par le mariage ; et ce après que, sur l’interpellation que nous leur avons faite, les époux et leurs ascendants ici présents nous ont eu déclaré qu’il a été fait un contrat de mariage lequel a été reçu par maître Alexandre Sebastien Perche, notaire à Reims, hier, vingt juin, ce qui est d’ailleurs attesté par un certificat délivré par ledit notaire pour nous être remis, lequel certificat restera ci annexé après avoir été paraphé.
Tout ce que dessus a eu lieu publiquement et en présence des Sieurs 1e Victor Joseph Allognier, âgé de quarante quatre ans, contre-maître mécanicien demeurant à Reims rue des Moulins n°16 ; 2e Jean Baptiste Ponsinet, âgé de cinquante quatre ans, manouvrier, demeurant à Reims rue du Cimetière de la Magdelaine n°17 ; 3e Nicolas Joseph Doux, âgé de quarante deux ans maçon, demeurant à Reims rue de Vesle ; 4e et Jean-François Moreau, âgé de cinquante-un ans, appointeur de la mairie de Reims demeurant en cette ville ; lesquels témoins nous ont déclaré … des époux, dont ils nous ont attesté l’individualité et le domicile.
Et de suite nous avons dressé le présent acte que l’époux, ses père et mère, ainsi que trois témoins ont signé avec nous, lecture faite, l’épouse, sa mère et le deuxième témoin ayant déclaré ne le savoir de ce interpellés. »

Étrangement, au recensement de 1856, deux ans après le mariage, Marie Claire vit toujours avec sa mère, son frère et une domestique au 4 rue des Moulins. Louis Henri GUIETTE travaille sans doute toujours en dehors de la Marne (dans les Ardennes ou dans l’Aisne probablement), mais son épouse ne l’a pas rejoint.

1856 Viot
Recensement de 1856 à Reims – 4 rue des Moulins

Le premier enfant du couple naît l’année suivante à Neufchâtel-sur-Aisne (02) où Marie Claire a finalement rejoint son époux, qui y est garçon boulanger : le petit Henri naît le 12 mars 1857. Le nom de la mère est erroné dans l’acte vu qu’elle est appelée « Marie Claire DEMAY », du nom de son beau-père. Il semble que Marie Claire VIOT ait porté ce nom d’usage toute sa vie, comme on le verra au fil des recensements.

Le petit décède un an plus tard, le 10 octobre 1858… au 5 rue des Moulins à Reims ! Marie Claire est revenue vivre chez sa mère. Louis Henri est présent lors de la déclaration de décès, mais il déclare demeurer toujours à Neufchâtel.

Une fille, Augustine Adeline, naît ensuite le 31 août 1859, au 3 rue des Moulins. Louis Henri GUIETTE est « absent ». Marie Claire vit toujours à cette adresse lors du recensement de 1861.

1861 Viot
Recensement de 1861 à Reims – 3 rue des Moulins

Puis un troisième enfant, à nouveau une fille, qui se trouve être mon ancêtre, naît le 30 septembre 1862. Marie Claire habite au 61 rue du Barbâtre, mais la petite Louise (que l’on appellera communément Clémence) naît chez sa grand-mère Marie Jeanne au 18 rue Saint Sixte. Louis Henri Guiette est dit « garçon boulanger, demeurant à Laon ».

Enfin, un quatrième et dernier enfant, Gustave Victor, naît le 24 octobre 1865 au 16 rue des Salines. Louis Henri est simplement dit « boulanger, absent ».

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Recensement de 1866 à Reims – 16 rue des Salines

Le petit Gustave Victor décède le 3 avril 1867 à l’âge de 17 mois, à la même adresse, sans que son acte de décès soit plus loquace sur le père.

Entre 1867 et 1872, Marie Claire emménage avec ses enfants au 174 rue du Barbâtre, où on les retrouve lors du recensement en bonne compagnie, vu que Marie Claire réside avec Jean Victor JACQUET, un tisseur âgé de 42 ans, et sa fille de 21 ans Adélaïde.

1872 Viot MC
Recensement de 1872 à Reims – 174 rue du Barbâtre

Suis-je la seule à avoir une impression de déjà-vu (dans une moindre mesure), après l’histoire de Rémi Alexandre ROY et Jeanne Adeline CHELIFOUR ? Il semble que les ancêtres de ma branche rémoise n’étaient pas très sages ! Jean Victor JACQUET est veuf de Adelina Rosalie MARECHAL depuis le 6 juin 1858, toutes les hypothèses sont donc permises, même si dans ce cas ce serait vraiment pure conjecture… Fermons donc la parenthèse.

Marie Claire a exercé au long de sa vie les métiers de couturière, marchande de gâteaux, fruitière et marchande revendeuse. Elle décède le 9 juin 1874 à Reims, au 174 rue du Barbâtre, à l’âge de seulement 39 ans. Jean Victor JACQUET fait partie des déclarants mais ne réside plus à la même adresse que Marie Claire : peut-être n’avait-il été hébergé que temporairement chez elle en 1872 ? Dans cet acte, il est également dit que Louis Henri GUIETTE demeure « même maison », mais je ne suis pas sûre de devoir y croire…

1874-06-09 décès Viot Marie Claire
Décès de Marie Claire VIOT à Reims – 1874 – AD51

« L’An mil huit cent soixante quatorze, le onze juin, dix heures du matin ; par devant nous, Pierre Jules Houlon, adjoint au maire de la ville de Reims, délégué aux fonctions d’officier de l’Etat civil ; ont comparu Jules, André Demai, âgé de trente six ans, serrurier demeurant rue Saint-Bernard, n°24 ; frère utérin de la défunte ; et Jean, Victor, Jacquet, âgé de quarante-quatre ans, tisseur, demeurant rue de Vesle, n°117 ; lesquels nous ont déclaré que : Marie-Claire, Viot, âgée de trente-neuf ans, marchande revendeuse, née à Thin-le-Moutier (Ardennes) le quinze juin, mil huit cent trente-quatre, demeurant à Reims, rue du Barbatre, 174 ; épouse de Louis-Henri Guiette, âgé de quarante-sept ans, garçon boulanger, demeurant même maison ; et fille naturelle de Marie-Jeanne Viot, âgée de soixante-seize ans, journalière, demeurant rue du Bourg-Saint-Denis, 88 ; est décédée en sa demeure, le neuf juin, à neuf heures du soir ; ce que nous avons constaté. Les témoins ont signé avec nous, lecture faite. »

Pour clore le sujet du couple GUIETTE-VIOT : en 1886, au mariage de leur fille Louise « Clémence », Louis Henri GUIETTE sera dit « garçon boulanger autrefois, inconnu de la future épouse et disparu depuis longtemps sans que l’on sache le lieu de son décès ou celui de son dernier domicile ». Je le cherche toujours… alors si vous le croisez contactez-moi au plus vite !

Les vieux jours de Marie Jeanne VIOT

Mais revenons à Marie Jeanne VIOT, qui exerce la profession de revendeuse ou de journalière, et qui a entre temps déménagé à plusieurs reprises. On la retrouve au 121 rue du Barbâtre en 1866 avec son fils Jules, et au 56 rue Fléchambault en 1872.

1872 Viot MJ
Recensement de 1872 à Reims – 56 rue Fléchambault

Vous remarquerez que la petite Augustine Adeline GUIETTE est recensée deux fois en 1872 : une fois chez sa mère et une fois chez sa grand-mère ! Déduisez-en ce que vous voulez sur la précision des recensements de l’époque ! Vous aurez aussi réalisé qu’il ne faut pas se formaliser sur l’orthographe, j’aurai eu droit à tout : DEMAI / DEMAY / DEME / DEMEZ, VIOT / VIAUD / BIOT…

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Les adresses de Marie Jeanne VIOT à Reims – plan de 1854 – Archives Municipales de Reims

Peu avant le décès de sa fille, entre 1872 et 1874, Marie Jeanne VIOT rentre à l’hôpital Saint Marcoul, situé au 88, rue du Bourg Saint-Denis (qui sera renommée rue Chanzy), à environ 68 ans.

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Hôpital St-Marcoul – Archives Municipales de Reims

A cette date, il ne lui reste plus qu’un fils, Jules André DEMAI, et deux petites-filles, Augustine Adeline et Louise « Clémence » GUIETTE. En effet elle a perdu son plus jeune fils Achille Ferdinand à l’âge de 6 mois en 1841, son mari à l’âge de 35 ans en 1843, puis sa fille aînée à l’âge de 39 ans en 1874. En ce qui concerne Jules André, il est devenu serrurier et ne s’est jamais marié ; il décédera aussi prématurément le 29 janvier 1887 à l’âge de 48 ans ; mais Marie Jeanne ne vivra pas assez longtemps pour le savoir…

1876 Viot MJ
Recensement de 1876 à Reims – 88 rue du Bourg Saint Denis
1881 Viot MJ
Recensement de 1881 à Reims – 88 rue du Bourg Saint Denis

Marie Jeanne restera environ dix ans pensionnaire à Saint Marcoul,  jusqu’à son décès le 6 avril 1883 à l’âge de 77 ans. Je me demande de quoi elle souffrait pour avoir vécu si longtemps à l’hôpital…

1883-04-05 décès Viot Marie Jeanne
Décès de Marie Jeanne VIOT à Reims – 1883 – AD51

« L’an mil huit cent quatre vingt trois, le six avril, quatre heures du soir, pardevant nous, Pierre Eugène Desteuque adjoint au maire de Reims, délégué aux fonctions d’officier de l’Etat Civil, ont comparu : Charles Victor Emile Barthélemy Portevin, âgé de soixante un ans, officier d’académie, administrateur des hospices de Reims et Donat Joseph Boulangé, âgé de cinquante neuf ans, employé des hospices, domiciliés à Reims, lesquels nous ont déclaré que : Marie Jeanne Viot, âgée de soixante dix sept ans, sans profession, née à Rocroy (Ardennes) le six juillet mil huit cent cinq, demeurant à Reims, rue Chanzy 88 veuve de Achille de Mai, et fille des défunts Antoine Viot et Marie Jeanne Galichet, est décédée en sa demeure, le cinq avril courant, à cinq heures du soir, ce que nous avons constaté. Les comparants ont signé avec nous, lecture faite. »

Voilà qui conclut ces deux destins. J’aime imaginer que ces deux aïeules étaient des femmes fortes et de caractère pour avoir eu un tel parcours !

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